Le Maroc en Afrique, un acteur solidaire et engagé
L’engagement du Maroc en faveur de la coopération et du développement en Afrique s’est traduit très tôt dans les faits. C’est ainsi que dès 1960, la Conférence de Casablanca -sous l’égide de Feu S.M. Mohammed V- réunissait les principaux leaders africains, débouchant deux années plus tard sur la création, à Addis-Abeba, de l’ex-Organisation de l’Union Africaine (OUA). C’est également dans ce contexte que le Maroc décida en 2000 l’annulation de la dette de plus d’une vingtaine de pays africains les moins avancés, lors du premier sommet Union Européenne-Afrique et adhéra en 2001 à la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD). Le Maroc a depuis continué de renforcer sa position sur le continent, plaidant pour un partenariat rénové, comme en atteste la consolidation de ses relations politiques avec un grand nombre de pays africains et la mise en œuvre d’une série de mesures concrètes en matière d’assistance financière et de coopération technique. C’est ainsi par exemple qu’en 2012, l’Agence Marocaine de Coopération Internationale a augmenté le nombre annuel de boursiers subsahariens pour certains pays tels que le Mali et le Niger.
C’est également dans ce contexte qu’en avril 2011, la Bourse de Casablanca participe à la création de l’Association des Bourses Francophones d’Afrique (ABFA). L’objectif principal étant de favoriser l’intégration des marchés boursiers de l’Afrique francophone.
Précisons que le Maroc compte aujourd’hui de nombreux partenaires parmi les états subsahariens. En effet, plusieurs accords ont été signés, notamment :
- Les conventions de non-double imposition (CNDI) : 3 conventions bilatérales (Egypte, Sénégal et Gabon) et 1 convention multilatérale (UMA) en vigueur ; 3 conventions signées en cours de ratification (Burkina Faso, Cameroun et Côte d’Ivoire); 5 conventions en cours de signature (Afrique du sud, Centrafrique, Guinée Conakry, Seychelles et Soudan); et 5 conventions en cours de négociation
- Les Accords de protection et de promotion des investissements (APPI) : Le Maroc a signé 17 APPI en Afrique, dont 7 sont entrés en vigueur (Gabon, Gambie, Egypte, Lybie, Mauritanie, Soudan et Tunisie) et 10 sont en attente de ratification ou d’entrée en vigueur (Bénin, Côte d’Ivoire, Cameroun, Centrafrique, Cap vert, Ghana, Guinée Conakry, Guinée Equatoriale, Sénégal et Tchad)
- Accords de libre-échange (ALE) : le Maroc a un ALE avec 5 pays d’Afrique du Nord, et 2 projets d’ALE importants en cours de négociation avec l’UEMOA et la CEMAC.
En plus des accords cités, l’on peut également citer les accords sectoriels avec la RDC (agriculture), l’Angola (tourisme ; aéroportuaire), le Bénin (Conseil d’affaires), le Gabon (santé, formation, …), le Sénégal (transport, mines, énergie, ..), ou encore la Côte d’Ivoire (Investissement, tourisme, pêche, …), etc.
L’Ambition Africaine du Maroc
Pourquoi le Maroc ?
Un secteur privé en pointe
De par les liens historiques et civilisationnels étroits qu’entretient le Royaume avec les pays d’Afrique de l’Ouest, c’est d’abord en direction de cette zone UEMOA -qui se situe dans le prolongement de la mythique transsaharienne partant de Tanger- que le pays a intensifié ses échanges, à travers notamment la politique de « champions nationaux », qui est souvent évoquée pour expliquer le succès économique du Maroc en Afrique.
Les premières touches de cette nouvelle politique se sont illustrées dans la composition de délégations officielles qui ont accompagné le chef de l’Etat, le roi Mohammed VI, dans ses nombreux voyages officiels en Afrique durant la première moitié de la décennie 2000-2010. Avec un caractère de plus en plus économique, ces délégations accompagnant le souverain marocain ont pu, peu à peu, cerner de manière précise le potentiel réel de croissance dont elles disposent, et les patrons ont pu nouer des liens précieux avec leurs pairs.
Ainsi, c’est sans surprise que des secteurs tels que les Télécoms, la Banque et la Finance ont été les premiers à s’intéresser aux opportunités de croissance externe qui s‘offraient à eux en Afrique subsaharienne, à l’heure où les équilibres géostratégiques commençaient également à changer. En effet, le Maroc s‘est trouvé positionné de manière opportune non seulement de par sa proximité culturelle avec ses partenaires africains, mais également grâce à une dynamique géostratégique qui a engendré une fenêtre d’opportunité.
Télécoms, banque et assurance, trio de tête du Maroc africain
De manière emblématique, ce sont les télécoms qui ont ouvert la voie à l’entreprise marocaine en Afrique, très rapidement après la privatisation de l’opérateur historique marocain, Maroc Telecom. Ce dernier, qui compte un actionnaire français, Vivendi, aux côtés de l’Etat marocain, a ainsi racheté les licences des opérateurs historiques de la Mauritanie (2001), du Burkina Faso (2006) du Gabon (2007), puis du Mali (2009), ce qui fait de l’entreprise l’un des tous premiers opérateurs africains.
La Banque, et plus récemment l’assurance ont suivi la même tendance que les Télécoms, avec une politique mixte faite d’alliances et d’acquisitions. Ainsi, Attijariwafa Bank, première banque du Maroc, opère dans près de 22 pays dont huit africains, grâce notamment au rachat de filiales du crédit agricole en 2009.
A ce jour, la banque détient les filiales suivantes, notamment en Afrique de l’Ouest : CBAO Groupe Attijariwafa Bank au Sénégal, Crédit du Sénégal au Sénégal, SIB en Côte d’Ivoire, BIM au Mali, UGB au Gabon, Crédit du Congo au Congo.
L’autre banque marocaine à vocation panafricaine est la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE), qui contrôle près de 59% du capital de Bank of Africa. Cette dernière compte 4500 collaborateurs et 340 agences réparties sur quinze banques en 2010. Elles ont été rejointes récemment par un nouvel entrant, la Banque Centrale Populaire (BCP), qui souhaite également affirmer sa vocation africaine à travers son alliance avec la banque ivoirienne Atlantic Financial Group (AFG), scellée à l’été 2012. Grâce à ce partenariat stratégique et capitalistique, la Banque Centrale Populaire est désormais implantée dans les 7 pays suivants : Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin, Togo, Burkina Faso, Mali et Niger. Récemment privatisée (son capital appartenant encore à l’Etat a été cédé à ses filiales régionales), la BCP devrait poursuivre son enracinement africain, et devrait ainsi réaliser d’autres alliances ou acquisitions à court terme, estiment les analystes.
Dans l’assurance, c’est la holding Saham (présente dans la Finance, l’Assurance, l’Offshoring et la Santé) qui a réalisé un déploiement africain substantiel grâce au rachat de l’assureur panafricain Colina en 2010, devenant ainsi le second assureur panafricain en zone subsaharienne, présent dans douze pays à travers treize compagnies. Fait suffisamment significatif pour le souligner, le groupe Saham est même entré au capital d’une entreprise angolaise, GA Seguros Angola.