Vers la gestion concertée et durable d’un territoire : Parc naturel de Bouhachem

Au cœur du Rif occidental, le territoire du futur Parc de Bouhachem est une dorsale montagneuse qui s’étend à cheval sur trois Provinces (voir carte), et dont Chefchaouen est l’une des portes. De part et d’autre de cette dorsale, une multitude de douars, peuplés de Jbalas, parsèment le paysage. 

Site du Parc Naturel de Bouhachem

Le territoire de Bouhachem, et notamment son Site d’Intérêt Bio-Ecologique (SIBE) de priorité 1, font partie de la Réserve de Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée (RBIM), reconnue par l’UNESCO. Ce SIBE est un espace naturel de 8 000 ha, en forme de vaste demi-cercle, qui constitue le cœur du futur parc. La forte pluviométrie y a permis le développement d’une biodiversité forestière remarquable, avec des essences telles que le chêne-liège, le chêne zéen, le chêne vert, et des formations forestières parmi les plus belles du Maroc (cédraie, pinède, suberaie, etc.).

Vue à flanc de montagne du site de Bouhachem

Cart d’orientations du projet de Parc Naturel
de Bouhachem

La diversité faunistique est représentée par de nombreuses espèces de mammifères (Magot, Grande Noctule, Pachyure étrusque, Porc-épic, Loutre, Genette, Mangouste ichneumon…), d’oiseaux (Milan royal, Aigle royal, Faucon pèlerin, Hibou grand duc, Choucas des tours…), de reptiles et d’amphibiens, dont la plupart sont endémiques, rares ou menacées. 

Le territoire compte également de nombreuses zones humides et tourbières, qui permettent d’étudier le paléo-environnement.

De part et d’autre du SIBE, les habitants du futur parc, leurs habitations et leurs activités agricoles et artisanales composent le paysage. Interdépendant du patrimoine naturel, le patrimoine culturel de ce territoire est au cœur du projet de parc. 

Trois tribus, appartenant au groupe ethnique des Jbalas, se partagent le territoire et se caractérisent notamment par leur « agri-culture » organisée autour de cinq produits-phares de la diète méditerranéenne : l’olive, le miel, la figue, l’élevage caprin, les plantes aromatiques et médicinales. Les Jbalas se distinguent également par leurs habitudes vestimentaires (mendil, chechiya, etc.), par leurs techniques architecturales adaptées au climat de montagne (toits à double pente, briques en terre, etc.), leurs particularités linguistiques, etc.

Activités dans les champs du parc naturel

Zone de rayonnement du soufisme, le territoire de Bouhachem présente un patrimoine historique et religieux d’importance, comme en témoignent les nombreux mausolées et zaouïas. Le sanctuaire de Moulay Abdeslam est le plus connu et rassemble encore chaque année des milliers de pèlerins.

Ces patrimoines, naturels et culturels, sont de plus en plus menacés par la déforestation, l’érosion et l’appauvrissement des sols, ainsi que la disparition des spécificités culturelles. Le parc naturel de Bouhachem apparaît comme une réponse à ces fragilités et potentialités : un projet concerté de développement territorial durable, basé sur la protection et la valorisation de ces patrimoines locaux et sur l’engagement volontaire des collectivités concernées.

Géré par le Groupement de Collectivités Territoriales de Bouhachem, en collaboration avec le Haut Commissariat des Eaux et Forêts et de Lutte Contre la Désertification, le parc naturel de Bouhachem répondra à cinq missions, fixées par une charte : 

1. Protéger les patrimoines, promouvoir une gestion des milieux et des ressources naturelles adaptée à un développement durable, et lutter contre les pollutions.

2. Aménager : contribuer à l’aménagement durable du territoire, aux côtés des acteurs concernés.

3. Développer : contribuer au développement économique, social et culturel du territoire, et à l’amélioration de la qualité de vie.

4. Informer : assurer l’accueil, l’information et la sensibilisation du public et promouvoir les démarches participatives.

5.Expérimenter et innover : encourager les actions expérimentales et reproductibles, contribuer à des programmes de recherche et de coopération.

Ses missions se déclinent en objectifs spécifiques, adaptés aux enjeux du territoire : 

1. La gestion durable du patrimoine forestier en bonne concertation avec les propriétaires et les populations riveraines.

2. L’amélioration des infrastructures indispensables au bien-être des habitants : voies de communication pour l’accès aux services de santé et d’éducation, aménagement des points d’eau et d’adduction, équipements pour les déchets et l’assainissement, et électrification des douars, et plus généralement la maîtrise de la dispersion de l’habitat.

3. La revalorisation du patrimoine bâti et architectural, et des métiers locaux liés à la construction.

4. L’accompagnement d’une agriculture rentable et viable pour l’environnement (élevage caprin, oléiculture, apiculture), et la valorisation de la production locale (terroir).

A l’échelle de la région Nord, le projet de parc naturel de Bouhachem est complémentaire des projets d’envergure de développement des zones urbaines et littorales. Il s’agit ici d’une expérience de développement durable d’une zone rurale encore très enclavée. La complémentarité avec la Commune Urbaine de Chefchaouen, dynamique et novatrice, notamment en matière de tourisme rural, est également forte.

Équipe chargée du projet de Parc Naturel de Bouhachem