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UN LIEU D’EXCEPTION OÙ SE MÊLENT NATURE ET ARCHITECTURE BIOCLIMATIQUE

ARCHITECTES – PAYSAGISTES
ARNAUD MAURIÈRES,
ERIC OSSART

À quelques minutes de la médina de Taroudant, au beau milieu d’une ancienne oliveraie, s’étend une « maison jardin ». Au départ, simple maison de campagne d’Eric Ossart et Arnaud Maurières, ce riad traditionnel est racheté en 2009 et agrandi pour en faire une maison d’hôtes pour amateurs de nature, de tradition, de calme et de sérénité. Elle est labellisée « Clef verte » depuis avril 2012.

Sur 6 500 m2 de terrain, 1 500 m2 sont bâtis ou couverts. On compte deux ensembles distincts, Al Hossoun et Al Borj pouvant fonctionner ensemble ou séparément, six cours-jardins aménagées et plantées d’espèces végétales diverses et deux bassins.

La propriété est aménagée comme de vastes patios ceints de murs en terre qui se confondent avec la nature. Au centre, un bassin de nage de 30 mètres de long crée un microclimat propice aux jardins qu’il semble irriguer.

L’espace de vie est partagé, à partir du patio principal, entre une coursive et un grand salon peu ouvert, qui garde la fraicheur en été. L’hiver, il est chauffé par une immense cheminée. Le bâtiment séparant les deux parties de la propriété disparaît derrière un rideau de lianes et ressemble à un simple mur de clôture. Cette discrétion ne laisse pas deviner l’aménagement des lieux : une salle à manger, des chambres avec petites terrasses privées et un hammam traditionnel.

Si aucune conception d’ensemble n’a présidé à ce projet développé au fil des années, des envies et des besoins, il paraît néanmoins très cohérent et dégage un sentiment d’harmonie. L’architecture évoque les fermes limitrophes. D’aspect très minimaliste, les façades sont de couleur terre naturelle ocre-rouge ou blanche chaulées après chaque saison de pluie. L’ensemble des bâtiments est construit en pisé, connu pour ses performances thermiques et acoustiques, soutenu par des piliers et chaînages en béton pour solidifier la structure.

Les matériaux utilisés à l’intérieur comme à l’extérieur sont tous naturels : terre, pierre locale et bois naturel.

L’architecture bioclimatique est combinée à une gestion environnementale des lieux puisque l’utilisation d’ampoules LEDS est généralisée, l’eau chaude est presqu’exclusivement produite par l’énergie solaire et l’eau sanitaire est prélevée dans la nappe phréatique (à 200 mètres sous terre) et réutilisée pour l’arrosage des jardins.

Un espace paysager d’une richesse rare

Les jardins comptent près de 900 variétés de plantes provenant « des déserts du monde » dont les besoins en eau sont réduits. Ils sont d’ailleurs qualifiés de « jardins secs ». Ces plantes utilisées à la fois en ornement mais également à titre expérimental par l’acclimatation de plantes rares venant de loin et pour leur conservation. Certaines sont d’ailleurs en voie de disparition ou ont déjà disparu à l’état sauvage. Les sols sont enrichis par le compost provenant des déchets verts du jardin et de la cuisine. L’idée audacieuse des architectes paysagistes est d’avoir expérimenté un jardin creux : réaliser des plantations en contrebas, à quatre mètres au-dessous du niveau du sol.

Couronnée de succès, cette technique a développé un biotope particulier, à l’ambiance tropicale, où des espèces rares se sont bien acclimatées bien que le climat aride de la région leur soit, a priori défavorable. C’est ainsi que poussent sur la propriété de beaux palmiers de Hawaï.

Ce projet et les résultats obtenus sont sans conteste une réussite esthétique, pratique et écologique.