Troisième prix – concours Dakhla – Ode à la culture beïdane
Pensé comme un hommage à l’histoire et au mode de vie des différentes civilisations du Sud marocain, le pôle muséal de Dakhla, conçu par Taoufik El Oufir Architectes, est un important témoignage de l’identité et de la culture beïdane.
En s’appuyant sur un programme ouvert, ils proposent ici une nouvelle vision de l’équipement culturel contemporain, positionné en tant que lien vivant entre les différentes cultures sahariennes. C’est au travers d’une architecture « emblématique et symbolique» que les concepteurs mettent leur bâtiment à la hauteur de la dimension de cet équipement et de sa position stratégique dans la ville de Dakhla pour lui donner un éclat international. En effet, le choix du site permet une exposition importante du musée dans la ville et depuis la mer. L’insertion dans l’existant, en cœur de parcelle et à contre-courant de l’alignement systématique à la rue, permet de souligner l’aspect hors du commun du bâtiment. Un parvis traité en paysage minéral intensifie l’entrée du musée et constitue un premier hall d’accueil des visiteurs, contrastant avec l’intérieur plus végétalisé du bâtiment. De prime abord, cette dualité d’espace renvoie à la nature saharienne, tantôt aride, tantôt luxuriante.
Le corps du bâtiment se compose de courbes, de passages, d’ombre et de lumière. Il s’élève dans des lignes qui font référence à une dune de sable, image emblématique du Sahara. La forme architecturale et son découpage géométrique créent des espaces qui attirent les visiteurs et leur permettent de vivre une expérience culturelle « au lieu de la contempler ». Cela se ressent dans le traitement des espaces. Les éléments du programme ont été distribués de manière à créer un parcours dans lequel l’architecture participe à l’appréhension de la culture des provinces du Sud. Divers cheminements sont possibles, selon que l’on est intéressé par les expositions permanentes ou temporaires, par une conférence, un spectacle, une pause-café ou seulement par la découverte du musée. Aussi, les salles d’exposition proposent une grande modularité, laissant libre champ aux compositions scénographiques. Cette invitation dans le monde fabuleux des provinces du Sud se fait au rythme des cinq sens : la vue, le toucher, l’odorat, l’ouïe et le goût. Rien n’est oublié pour faire vivre aux visiteurs une véritable grande escale. Une des intentions phares du projet est d’offrir des surfaces murales extérieures afin d’accueillir l’expression artistique contemporaine en temps réel. Il s’agit d’un élément fort qui inscrit résolument le bâtiment dans une temporalité actuelle et futuriste. La durabilité du projet impose un musée éthique et responsable au sein duquel l’homme et son bien-être sont la principale préoccupation. La configuration structurelle du bâtiment se compose de béton précontraint de voiles et d’un minimum de poteaux, de corian ou de béton de fibres comme revêtements de façade.
En plus de créer un repère dans la ville de Dakhla et d’être à l’origine d’un nouveau maillage urbain, la dimension patriotique n’a pas été omise. Elle est dessinée par l’étoile marocaine qui brille sur son toit.
Salma Dioury