Premier prix – concours Dakhla – L’architecture en mouvement
De prime abord, nous avons l’impression de voir surgir de terre un pliage savant d’origami, puis on se demande si ce n’est pas d’une multitude de tentes nomades sciemment posées pour rappeler les origines des habitants du désert. La réalité du projet explicitée par ses concepteurs est tout autre.
Le Musée de Dakhla invente un lieu culturel, un lieu identitaire, un lieu exerçant une fascination certaine, un lieu où l’imaginaire a toute sa place.
Les architectes ont voulu faire de ce bâtiment un objet remarquable, unique et identifiable grâce à un parti volontairement audacieux. Il devait donc se démarquer. Le musée exprime son identité par une architecture simple dans sa mise en œuvre tout en étant complexe et originale en apparence et en volumétrie. Celui-ci se compose d’une juxtaposition de trames de doubles pyramides tronquées et inversées. Les intérieurs sont tout aussi dynamiques et les pans de murs inclinés matérialisent des espaces vivants. Ainsi ancrés, ils rendent possible la diversité des espaces et des expositions. Ils sont tout à la fois structure, parois et couverture. Ce système permet d’avoir un grand espace flexible, organisé par une sous trame constructive. Les voiles, avec ce matériau unitaire qu’est le béton, contribuent à l’expression de l’architecture du projet.
Dans ce projet, la circulation laisse au visiteur la liberté de déambuler – comme dans le désert – à la découverte du lieu et de ses différentes attractivités. Ainsi, l’architecture, la scénographie, la muséographie et le paysage du lieu se conjuguent sous le thème de variations et de rythmes, en plus d’être animés tout au long de la journée par une lumière filtrée et différente. Le projet s’inscrit dans une démarche respectueuse de l’environnement : il s’appuie sur une démarche HQE® et va au-delà de la réglementation thermique actuelle (impact environnemental). L’objectif étant d’atteindre les trois cibles, qui selon les architectes paraissaient particulièrement sensibles : la relation harmonieuse du bâtiment avec son environnement, la gestion de l’énergie et le confort visuel. Le choix de niveaux de haute performance pour ces cibles s’est traduit en premier lieu par la justesse d’intégration de ce nouveau musée sur son site d’implantation : le bâtiment ne fait pas masse, il est tout au contraire en harmonie visuelle respectueuse avec la baie de Dakhla. Ses ondulations forment une image en mouvement dans le site. Ensuite, par l’importance d’une bonne gestion de l’énergie et des performances énergétiques optimales de l’ensemble des systèmes du bâtiment durant toute sa durée de vie. Enfin, par une très bonne qualité des lumières naturelles et artificielles, un éclairement maîtrisé, tant pour le confort visuel des visiteurs que pour la protection des œuvres.
Le projet se voulait techniquement et économiquement rationnel. Il se concentre ainsi sur les espaces propres du programme, optimisant les espaces construits au profit des activités muséographiques. Tout ceci en faisant de la conception et de l’architecture, « finalement » d’une grande simplicité, une intégration directe à la scénographie.
Salma Dioury