Maisons d’Asilah, le passé recomposé
Pour Youssef Melehi, chaque réalisation est le fruit d’une symbiose entre son contexte tangible et son identité. Ce principe transparaît clairement dans ses projets où il est question de faire revivre une architecture traditionnelle avec des matériaux nouveaux et pour des habitants en quête d’enracinement dans l’identité du lieu.
En front de mer, charmante et étincelante de blancheur, se dresse la médina d’Asilah. Une enclave paisible marquée par une architecture hispano-mauresque et affrontant la côte atlantique par des remparts datant de la fin du XVe siècle : l’époque portugaise. Ses ruelles ont été restaurées et ses riads ont trouvé de nouveaux acquéreurs qui ont ainsi revalorisé et donné un nouveau souffle à des maisons traditionnelles devenues vétustes au fil du temps.
Maître d’ouvrage : Mme Elena Asencio Artiste peintre
Surface du terrain : 70 m²
Surface construite h.o : 130 m²
Coût global : 100 000 Dhs
Periode : 1979 – 1980
Plusieurs revalorisations ont été l’œuvre de Youssef Melehi, architecte originaire de cette ville et dont l’intervention a été menée à partir de l’architecture initiale, la reconfiguration des espaces intérieurs ainsi que la restauration des façades sur rues. Le résultat se place en continuité avec la vision conceptuelle de l’architecte qui est un partisan d’architecture contextuelle s’imprégnant avant tout de la mémoire du lieu.
Les Riads d’Asilah :
Plusieurs maisons aux volumes réduits, construits autour d’une cour ont été transformées par l’architecte : Maison Ben Kadour, Maison Sidi Tayeb, Maison Oulade Mouhand Mohammed, Maison Belkahia. Ces dernières sont construites sur une parcelle ne dépassant pas les 120m² et sont dotées d’une cour intérieure constituant l’espace central et le point organisationnel principal de la maison. « Elles ne comportaient que peu de fioritures, chose expliquée par les revenus limités des habitants d’antan qui étaient travailleurs dans le domaine de l’agriculture et de la pêche », souligne Youssef Melehi. Elles sont toujours construites avec une grande sobriété et d’aprés des modèles archétypaux traditionnels derrière une peau extrêmement blanche : un aspect architectural particulier qui fait toute leur beauté et qui attire des artistes et des personnalités de tous rangs et de toutes nationalités. La lumière est d’autant plus présente grâce à ces murs blanchis à la chaux, à l’extérieur comme à l’intérieure des riads.
Maître d’ouvrage : Mr Billy et Mme EL Kind
Surface du terrain : 120 m²
Surface construite h.o : 220 m²
Coût global : 480 000 Dhs
Periode : 2001 – 2002
Sur des parcelles plus grandes se dressent d’autres riads revalorisés qui se démarquent bien entendu par des volumes imposants. L’architecte, toujours fidèle à sa démarche conceptuelle dans la médina d’Asilah, utilise une architecture simple sans être simpliste, conservant les façades extérieures épurées et ajoutant aux patios des alcôves ou des terrasses avec miradors. C’est le cas de la maison Billy, la maison Schmit, la maison Haussman comportant une façade hispanique ainsi que la maison Melehi Mohammed. Cette dernière a été construite à neuf sur une parcelle irrégulière. Située au centre de la médina, elle s’organise autour d’un patio central et d’une cour traitée en jardin et se démarque par des revêtements en carreaux de ciment teintés conçus par l’artiste Mohammed Melehi, propriétaire de la maison.
Maître d’ouvrage : Mr Oulad Mouhand Mohamed cinéast
Surface du terrain : 75 m²
Surface construite h.o : 120 m²
Coût global : 200 000 Dhs
Periode : 1992 – 1993
La Maison Schmit est, quant à elle, constituée de deux entités : une ancienne maison, considérée comme maison d’été, qui a fait l’objet d’une reconstruction intérieure et qui s’ouvre à la mer; une deuxième construction sur une parcelle adjacente dont la maison vétuste a été démolie pour laisser place à une maison d’hiver ouverte vers le sud et liée à la première entité par une passerelle. Son architecture rappelle un marabout situé en face et datant de la fin du XIXème siècle : une architecture arabo-islamique qui plaisait aux nouveaux acquéreurs en quête d’authenticité et à la recherche de l’identité du lieu où ils comptent vivre.
Maître d’ouvrage : Melehi youssef
Surface du terrain : 63 m²
Surface construite h.o : 110 m²
Coût global : 150 000 Dhs
Periode : 2002 – 2003
Maître d’ouvrage : Mr Farid Belkahia Artiste Peintre
Surface du terrain : 90 m²
Surface construite h.o : 150 m²
Coût global : 200 000 Dhs
Periode : 1980 – 1981
L’aspect introverti de ces maisons est bien entendu dicté par l’urbanisme de la médina d’Asilah où les petites ruelles obligent à faire des ouvertures minuscules, mais en contrepartie des maisons ouvertes sur la cour intérieure. La vie sociale des habitant se trouvent être régie par cet urbanisme qui favorise une vie communautaire et conviviale.
Maître d’ouvrage : Mr Alain Schmit
Surface du terrain : 97 m²
Surface construite h.o : 110 m²
Coût global : 450 000 Dhs
Periode : 2000-2001
Maître d’ouvrage : Mohamed Melehi Artiste peintre
Surface parcelle : 250 m²
Surface construite h.o : 200 m²
Coût global : 300 000 Dh
Periode : 1982-1983
Maître d’ouvrage : M.& Mme Haussmann
Surface parcelle : 120 m²
Surface construite h.o : 260 m²
Coût global : 1 000 000 Dh
Periode : 2005-2006
Les riads de la baie de Tanger :
Ce type d’urbanisme retraçant la vie sociale d’antan a constitué, pour l’architecte Youssef Melehi, le point de départ du concept d’un projet résidentiel situé sur la colline de Ghandouri : « La baie de Tanger ». Un projet qui, contrairement à beaucoup de projets contemporains, se trouve être à l’échelle humaine dans la mesure où il met l’habitant au cœur de son plan organisationnel en lui dédiant tous les espaces et en évitant des volumes écrasants. Il propose des espaces de circulation piétonne, des impasses où les enfants peuvent se défouler, des ruelles sans voiture.
Des espaces public et espaces de jeux pour enfants se trouvent au niveau bas de la parcelle qui mesure 18 000 m² et accueille 42 villas- riads. « Je me suis inspiré du patrimoine urbanistique et architecturale de la Kasbah de Tanger avec rues piétonnes, impasses, placettes et fontaines, permettant de retrouver l’ambiance paisible et pittoresque de la Médina » souligne l’architecte.
Quand aux maisons, elles se différencient toutefois des riads traditionnels par l’intégration d’un patio en U, combiné le plus souvent avec le jardin et intégrant fontaine et menzeh.
Ses murs blancs, animés par le jeu d’ombre et de lumière, reflètent le climat environnant à travers les reflets bleutés du ciel et de la mer, ou les rayons lumineux qui accentuent davantage leur blancheur. Des sensations de pureté, d’innocence et de quiétude nous envahissent dans cet espace de vie.
Ce projet fait revivre un mode de vie traditionnel en perdition de nos jours mais qui, heureusement, plait à une clientèle à la recherche de résidences secondaires dépaysantes et différentes dans leur contexte des maisons contemporaines en milieu urbain.
Bouchra El Fares – Architecte
Intitulé du projet : Les riads de la baie de Tanger
Maître d’ouvrage : Compagnie générale immobilière CGI
Architecte : Melehi Youssef
Situation du projet : Ville de Tanger
Superficie du terrain : 18 300 m²
Superficie des planchers : 10 000 m²
Coût estimatif de réalisation : 40 000 000 Dh
Date de démarrage des travaux : 2006
Date de fin des travaux : 2008
Programme : 42 Villas riad, Espaces verts, Cafeteria, Piscine…
Entreprises :
Gros œuvres : Rajaa Binaa
Realisation metalique : Cmeb
Revêtement murs : Batifen
Revêtement sol : Batifen
Electricite : Lumifes
Plomberie : Rapibat
Telephonie : Jatel
Peinture : Pe De Ge
Menuiserie bois : Cmeb
Menuiserie aluminium : Grenson et perfettini
Climatisation : Rapibat
Bureau d’études : Scet Scom
Bureau de contrôle : Socotec