Les provinces de l’Oriental, les moyens d’une ambition
Le développement du nord du Maroc est à l’image d’un grand avion qui pour décoller a besoin de ses deux réacteurs : à l’est, Tanger Med et sa zone d’influence régionale ; à l’ouest, celui de Nador west Med et les projets de la région de l’Oriental. Monsieur M’Barki, Directeur de l’Agence de développement et de promotion des provinces de l’Oriental, replace dans une vision stratégique d’aménagement du territoire les axes sur lesquels repose le développement sa région et esquisse du point de vue de l’architecture les perspectives d’évolution qu’il appelle de ses vœux.
AM : Dans quel cadre d’aménagement du territoire s’inscrivent les missions de l’agence de l’Oriental ?
Mohamed Mbarki
Les missions de l’agence s’inscrivent dans un cadre légal: la loi de création des Agences de développement, et dans le cas de l’Oriental, dans une philosophie de référence: » l’initiative Royale pour le développement de la Région de l’Oriental » énoncée dans un discours très célèbre que je vous recommande de lire attentivement: celui du 18 mars 1993.
La loi situe clairement l’agence parmi tous les autres intervenants institutionnels et défini la nature de ses actions. L’initiative Royale apporte, elle, une vision, un objectif et trace une feuille de route avec un ensemble de grands projets concrets structurants, complémentaires, à forte valeur ajoutée. Ces projets créent un maximum de synergies entre eux dont tient compte leur programmation, et bien évidemment, sont entièrement financés. Ici l’aménagement du territoire est vu dans sa dimension pratique et dynamique: celle de l’action et du développement durable.
AM : Quelle est la place de la région de l’Oriental dans la politique globale de développement du Maroc. Qu’implique sa proximité avec la méditerranée ?
Mohamed Mbarki
L’initiative Royale répond à cette question car elle situe les objectifs de progrès non pas uniquement au niveau de la région elle-même, mais au-delà, au niveau national et plus, en définissant son apport a la nation. La région de l’Oriental est la porte Est du Royaume sur la méditerranée. Elle doit mettre son potentiel au service du développement national. L’image a retenir est celle d’un grand avion qui pour décoller a besoin de toute la puissance et la poussée de ses deux réacteurs: Le premier, à l’est, est le complexe de Tanger Med et sa zone d’influence régionale. Le second à l’ouest est celui de Nador West Med et les grands projets de la région de l’Oriental : complexes industriels, agro- industriels et touristiques de Selouane, Madagh, technopole d’Oujda, stations touristiques de Marchica, et de Saidia, …
AM : Vous jouissez d’un budget autonome quinquennal, comment se prennent les choix et les décision ?
Mohamed Mbarki
Nous sommes un établissement public à caractère administratif, présidé par le chef du gouvernement et composé des principaux ministres intervenant dans le processus de développement. Notre budget est annuel, mais le plan d’action est triennal. Il est discuté et approuvé par le conseil d’administration. Le choix des projets financés par l’agence est défini sur la base de priorités résultant de notre stratégie d’intervention. Nous agissons toujours dans le cadre de partenariats avec les principales institutions régionales. Nous créons des convergences entre les acteurs. Dans ce sens, l’initiative royale, en établissant la feuille de route dont je parlais plus haut, dans le cadre d’une vision claire et ambitieuse de l’avenir de la région, a créé un socle commun qui nous fait gagner beaucoup de temps dans la construction et la mise en place des convergences nécessaires.
AM : Quelle est la stratégie de l’agence et comment s’articule t-elle ?
Mohamed Mbarki
Notre stratégie colle a la réalité du terrain, aux besoins des populations exprimés à partir de leur volonté de créer des projets de développement. La première décennie de projets, depuis le lancement de l’initiative royale a été la mise à niveau de la région : les grandes infrastructures, financées essentiellement par l’investissement public. La stratégie était alors une stratégie d’accompagnement. Nous abordons aujourd’hui une nouvelle génération de projets, pour lesquels nous avons adapté notre intervention. Notre nouveau plan d’action stratégique permet la valorisation des facteurs compétitifs du territoire, l’amélioration de son attractivité dans un environnement national et international marqué par une concurrence très rude. Il s’articule donc autour de deux piliers, six axes stratégiques d’intervention, et trois leviers transversaux.
-le pilier du « développement territorial » comporte trois axes d’intervention qui renferment un ensemble cohérent de programmes:
Axe1. « Promotion de la compétitivité économique » qui regroupe les programmes de relance industrielle, services exportables, Economie du savoir, …
Axe2. « Développement de pôles urbains attractifs » qui comporte la requalification des petits centres, la mise a niveau des quartiers sous équipés, amélioration des services publics, le renforcement des identités urbaines, …
Axe3. « La conservation des ressources et la protection du patrimoine » , axe qui regroupe un ensemble de programmes intéressants de protection et de réhabilitation des sites.
-Le pilier du « développement humain » est construit de la même façon autour de trois axes d’intervention, en parfaite harmonie avec l’esprit de L’ INDH. Quant aux leviers transversaux, ils concernent la promotion et le marketing territorial, la mobilisation des partenariats et de l’expertise, l’intelligence économique…
Toutes ces choses dites de cette façon sont plutôt rébarbatives. Pour plus de détails, Je vous invite a aller consulter nos sites « oriental.ma ».
AM : Dans quelles conditions les projets d’architecture importants- gares, centre de congrès et d’exposition, musées…- sont-ils réalisés? Quelle philosophie les guide ?
Mohamed Mbarki
Il y a de nombreux projets importants, au niveau du contenu, du symbole et bien évidemment du budget. Les architectes, toujours a l’affut les connaissent. Mais nous manquons de « philosophie qui les guide » comme vous dites. Nous avons de bons architectes, mais pas suffisamment de stimulation de la création architecturale. Nous n’encourageons pas suffisamment l’innovation. Cette remarque ne vaut pas seulement pour la région de l’Oriental, elle est générale. Il y dans le secteur un déficit de débat, d’échanges! Seuls les grands projets suivis par Sa Majesté que dieu l’assiste, innovent en matière d’architecture: BouRegreg a Rabat, Anfa à Casa, Marchica chez nous… pourtant nous sommes une région porteuse, riche en patrimoine qui a l’ambition de développer les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique…, l’économie verte! Il faudrait accompagner cet objectif par la création d’une véritable filière d’innovation architecturale, avec tout son arsenal très simple de stimulation et d’encouragement, y compris au niveau de la formation des métiers correspondants. Cela ne coûte que patience et volonté de le faire. L’agence prendra cette année quelques initiatives dans ce domaine.
Propos recueillis par Florence Michel-Guilluy