L’AMEA lance Rabat-Salé Mémoire
La conférence organisée par l’AMEA (Association Marocaine des Etudiants Architectes) le 07 mai dernier, à la bibliothèque Nationale de Rabat, était focalisée sur le patrimoine architectural de Rabat-Salé. Plus qu’un simple débat, elle a été l’occasion de lancer officiellement l’association « Rabat Salé Mémoire » qui a pour vocation de protéger les particularités historiques, patrimoniales et paysagères de ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Fikri Benabdellah a présidé cette table ronde. De gauche à droite : Rachid Andaloussi, Mounia Bennani, Mohamed Semmar, Fikri Benabdellah, Imane Bennani, Mouna M’hamdi et Abderrahmane Chorfi
C’est au début des années 80 qu’on assiste à l’émergence du premier mouvement associatif marocain unissant les architectes et les urbanistes autour d’une cause commune, celle de hisser haut le métier d’architecte au Maroc. L’ANAU, ou Association Nationale des Architectes et des Urbanistes avait vu le jour sous la houlette d’une poignée d’architectes engagés, à une époque où le métier rencontrait des difficultés multiples. Parmi ses réalisations, on lui reconnaît essentiellement une lutte sans merci, qui a abouti à la création en 1983 de la première Ecole Nationale d’Architecture au Maroc : l’E.N.A. En 2012, marchant sur les traces de son aînée, l’Association Marocaine des Etudiants Architectes (AMEA), composée d’étudiants de l’ENA, de l’EAC (Ecole d’Architecture de Casablanca) et d’établissements à l’étranger, fait son entrée en scène. D’un dynamisme remarquable, cette jeune association organise conférences, tables-rondes et rencontres diverses sur des thèmes ciblés. La dernière en date s’est déroulée sur le thème du patrimoine.

Eliane Castelnau, architecte et veuve de Henri Tastemain, a reçu un vibrant hommage des membres de l’AMEA
« Comment cerner, protéger et mettre en valeur les fondements urbains, architecturaux et paysagers du patrimoine de la ville de Rabat-Salé ? ». Tel est le thème de la conférence organisée par l’association AMEA, le 07 mai dernier, à la Bibliothèque Nationale de Rabat. Réunissant un brillant panel aussi large que diversifié, cette rencontre a abordé 4 axes principaux : le patrimoine urbain, architectural, paysager et culturel de la ville de Rabat. Ainsi, Abderrahmane Chorfi, architecte et membre fondateur de l’ANAU, Mohammed Semmar historien, Imane Bennani et Mouna M’hammedi architectes, ainsi que Mounia Bennani paysagiste ont été invités à mettre en exergue les particularités historiques, patrimoniales et paysagères de la ville de Rabat-Salé, récemment classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette rencontre à l’assistance nombreuse et variée, dont celle remarquée de Nabil Benabdellah, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville, a été animée par l’architecte Fikri Benabdellah, parrain de l’association et fervent défenseur du patrimoine r’bati. Rachid Andaloussi, président et membre-fondateur de l’association Casamémoire pour la sauvegarde du patrimoine récent de la ville blanche, a également été invité à se joindre au panel, afin d’exposer l’expérience de Casamémoire en matière de protection et de sensibilisation à la valeur du patrimoine architectural casablancais. La qualité scientifique des présentations et leur pertinence a levé le voile sur l’immense richesse patrimoniale et paysagère de la capitale culturelle et administrative du pays, jusque là peu connue. A ce sujet, et grâce à l’engagement et au dynamisme propres aux membres de l’AMEA, encouragés en cela par un groupe d’architectes à la forte fibre patrimoniale, l’annonce a été faite de la création future de l’association Rabat-Salé Mémoire, dont la mission principale est de veiller à l’inventaire, à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine de la ville. Cette initiative arrive à point nommé, au vu des obligations et responsabilités qui découlent du classement récent de la ville de Rabat-Salé au patrimoine mondial de l’Unesco. De fait et lors du débat avec l’assistance, Mohamed Amine Sbihi, Ministre de la Culture présent à la conférence, a mis le doigt sur les nombreuses difficultés rencontrées par le Ministère de tutelle dans l’application de véritables mesures de sauvegarde du patrimoine bâti. M Sbihi a exhorté au passage les spécialistes à la création d’un « Corpus du patrimoine » et lancé un appel à la création d’un fonds d’aide à la restauration et à la réhabilitation de notre patrimoine architectural.
Grâce à l’engagement et au dynamisme qui anime les membres de l’AMEA, architectes de demain, la notion de patrimoine revêt désormais une signification nouvelle. En impliquant leurs aînés, ces étudiants inspirés insufflent une belle énergie au sein d’une profession confrontée à des défis nombreux et malheureusement mise à mal par des luttes intestines et des débats aussi affligeants que stériles. En ouvrant le dialogue sur les vraies préoccupations de l’architecte de demain, ses responsabilités et les enjeux futurs de la profession, l’AMEA suscite des pistes de réflexion qui ne manqueront certainement pas d’inspirer des solutions concrètes, pour une meilleure préservation et un développement harmonieux et cohérent de notre patrimoine bâti..
Nadia Chabâa