LA PHOTOGRAPHIE D’ARCHITECTURE, OUTIL DE MARKETING DU BÂTIMENT ET DE L’ARCHITECTE ?
INTERVIEW
STÉPHANE COUTURIER
À l’origine spécialisé dans la photographie d’architecture, Stéphane Couturier s’est orienté progressivement vers la photographie plasticienne pour produire une œuvre qui s’expose aujourd’hui dans les grandes manifestations artistiques internationales. Il évoque pour AM cette première carrière et explique les raisons de son passage à l’œuvre plastique.
Architecture du Maroc
Pouvez-vous évoquer pour nous une carrière qui a commencé en France avec l’impulsion donnée par la politique des Grands Travaux de F. Mitterrand à l’architecture et aux architectes ? Comment êtes vous devenu photographe d’architecture ?
Stéphane Couturier
Je suis un autodidacte mais très attiré par le graphisme et la couleur et les photograhies d’un Franco Fontana ou d’un Ernst Haas, des noms oubliés aujourd’hui mais qui ont marqué la photographie des années 60/70. J’ai suivi des cours à Paris 8 et l’on peut dire que les tours du Front de Seine à Paris et de la Défense ont constitué mon premier terrain de jeu. J’ai présenté ces premiers résultats au Groupe Moniteur au début des années 80 et on a trouvé mon travail trop graphique. C’est Décoration Internationale qui m’a donné ma chance, à un moment où la très sollicitée Deidi Van Schaewen, leur photographe officielle, n’était pas disponible.
C’est ainsi que j’ai commencé à photographier des boutiques et des architectures intérieures, en particulier pour une agence comme celle des frères Rubin (Canal). De fil en aiguille, j’ai été sollicité par la génération des architectes qui émergeaient de la grande vague des Grands Travaux (Nouvel, Portzamparc, Gaudin, Ciriani etc.). J’ai en quelque sorte surfé sur ce grand mouvement de médiatisation…
AM
Que demandaient à l’époque les revues d’architecture ?
SC
La réaction des équipes du groupe Moniteur avait indiqué la voie ! La photographie d’architecture doit répondre à des standards. Elle doit mettre en valeur le bâtiment, le ciel est forcément bleu, le cadrage ignore l’environnement et le contexte, les lumières sont flatteuses. La photographie doit informer « objectivement », sans lyrisme, sur l’ensemble du bâtiment. Le photographe est au service du bâtiment et doit rester en retrait. Or je m’intéresse au contexte, à des cadrages, à des aplats, des reliefs, des détails particuliers. Rappelez vous que certains critiques à cette époque ont souligné le rôle de la photographie dans la médiatisation de l’architecture japonaise, médiatisation qui tenait justement aux cadrages en gros plans des bâtiments qui permettaient de les détacher du contexte chaotique de la ville.
Pour lire la suite, abonnez vous ici !
- Alger – Cité « Climat de France » – 2011 – 2012 Façade n°1 – C-Print – 180 x 298 cm – ed of 5 – 100 x 166 cm – ed of 5
- Boulevard Barbes – Paris 18 – photo n°1 – 2002 Ilfoflex – 107 x 87 cm + 11 cm marges blanches – 8 ex.
- Série « Melting Point » – Barcelone – Parallel n°2 – 2008 C-print – 100 x 138 cm ed of 5 – 180 x 247 cm ed of 5