Conférence de Pierre Rabhi, le 27 février 2014 à Casablanca
Le pape vert de la « sobriété heureuse » s’engage depuis des décennies dans des projets et des idées dont la large diffusion dans le monde prouve aujourd’hui la pertinence.
Pierre Rabhi a l’avantage de l’antériorité. Bien avant les grands mouvements de mobilisation en faveur du développement durable, dès 1972, Pierre Rabhi a pris conscience du danger que représentait une exploitation illimitée des ressources de notre planète. Et contrairement aux politiciens qui pour certains militent en priorité pour leur intérêt personnel et leur carrière, Pierre Rabhi a mis en pratique les principes qu’il défendait. Avec sa femme, il a créé et développé une ferme où agriculture et élevage biologiques et écologiques étaient développés en opposition avec la logique productiviste en vigueur à cette époque. Il est depuis à l’origine de nombreuses initiatives et mouvements qui inlassablement défendent le patrimoine nourricier de la planète Terre (notamment l’association Terre et Humanisme, le mouvement du Colibri etc.). Pierre Rabhi a compris très tôt que la formation était essentielle pour favoriser la diffusion de ses idées. Il a ainsi monté à partir de 1978 de nombreux programmes de formation en France, en Europe mais aussi en Afrique où la nécessité de lutter contre la désertification et pour l’autonomie alimentaire lui est apparue très tôt comme prioritaire. La « sobriété heureuse » est ainsi un concept qui tire son pouvoir de conviction de la ténacité et la sincérité d’un homme engagé, qui dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit…
Pierre Rabhi vient régulièrement au Maroc depuis 2001 où il accompagne les actions de l’association Espod et de Terre et Humanisme Maroc (THM). Parmi les projets engagés figurent la ferme de Dar Bouazza, le projet de Kermet Bensalem, le projet du carrefour des initiatives agro-écologiques de Skoura dans la province de Errhamna. Sa prochaine conférence aura lieu le 27 février 2014 à 18h30 à la fondation du Roi Assaoud Ibn Abdelaziz, corniche de Casablanca. Les organisateurs sont le cercle d’amis de Pierre Rabhi, qui compte l’association Terre et Humanisme Maroc, Espod, la fondation Mjid, le Pedd, Amsip, Chemsy, Women’s Tribune.
Fattouma Djerrari, co-fondatrice de THM et coordinatrice pour l’événement du cercle des amis de Pierre Rabhi au Maroc, souligne la dimension globale des préoccupations de Pierre Rabhi, aussi bien techniques, économiques, sociales qu’architecturales. Ainsi, à Skoura dans la province de Errhamna, le lieu qui accueille des formations en agro-écologie en zone aride est construit en terre et en pierre. Mais l’un des sites les plus emblématiques de la nouvelle société défendue par Pierre Rabhi est sans doute le complexe architectural du hameau des Buis. Il se développe dans le prolongement de la Ferme pédagogique créée par Sophie Rabhi, la fille de Pierre Rabhi.
Le site accueille les résidents et professionnels de l’éco-construction, mais aussi des volontaires aspirant à un environnement et un mode de vie différents. Le projet situé dans le sud de l’Ardèche a été conçu par un architecte spécialiste de la construction durable, Pierre-Henry Gomez, mais il se développe selon les principes de l’auto-construction autour d’une école et d’une exploitation vivrière agricole. Il rassemble pour l’instant une vingtaine de logements bioclimatiques construits avec les matériaux trouvés sur place. L’isolation est assurée par des complexes à base de bois et de paille, l’énergie solaire est utilisée pour le chauffage comme pour l’eau sanitaire, des systèmes de récupération des eaux pluviales, de toilettes sèches ont été mis en œuvre. La prise en compte de la topographie, des arbres existants et de la course du soleil ressuscite des principes constructifs simples appliqués pendant des millénaires. Mais les progrès technologiques ne sont pas pour autant négligés : capteurs thermiques, double vitrage, chaudière à gaz et poêle à pellets suédois complètent le dispositif de besoins en énergie. Ce genre de projet n’est plus solitaire dans le monde, preuve que les idées pionnières de Pierre Rabhi ont avancé.
Florence Michel-Guilluy