Cinquième prix – concours Dakhla – Un îlot de fraîcheur épuré et immaculé

Groupe 3 Architectes

Le lieu imaginé ici par « Groupe 3 Architectes » se veut l’illustration de la spécificité du patrimoine saharien : fortement façonné par la géographie et le climat. L’urbanisme et l’architecture de cette région se caractérisent par leur singularité, où la technique s’élève au rang d’art et produit des esthétiques inédites.

Vue en perspective depuis la Corniche.

L’ensemble des représentations des peuples sahariens reflètent la lente adaptation de leurs pratiques à leur milieu d’évolution. L’architecture tire profit de son environnement extrême et devient une leçon d’habitat adapté, fournissant eau, air, ombre et lumière nécessaires à la vie. Dans ce qui fut l’une des premières régions de peuplement au monde, la culture du nomadisme a façonné un imaginaire fondé sur la transhumance et la halte, en plus de forger un savoir et une connaissance rythmé par les échanges entre les hommes. La quête de l’eau, les caprices du vent et la puissance du soleil ont induit au monde une relation riche de traditions empreintes de spiritualité et de savoir-faire allant de l’artisanat à la science. Il permet à chacun de faire l’expérience du caractère irréductible de la culture saharienne : le voyage. Pour rendre compte de cette réalité de façon sensible, il est proposé aux visiteurs un cheminement, une traversée de la connaissance et une trajectoire dans la mémoire collective de la tradition vivante tournée vers l’avenir. Un parvis urbain figurant l’ouverture et l’invitation mène à une place encaissée abritant les fonctions d’accueil et d’apprentissage ainsi que les lieux de sociabilité et d’échanges. Celui qui se promène sur la Corniche devine à peine la fraîcheur du patio intérieur contenu par ce socle légèrement creusé. Vaste place ombragée, espace de déambulation et de cheminement vers des trésors protégés, l’architecture met ici en scène un parcours depuis l’espace public largement investi jusqu’au cœur de l’édifice composé des espaces de médiation enfouis dans ses murs. Adossée à ce patio, une galerie « des murmures » baignée d’une lumière tamisée propose une visite transversale des trois séquences. Espace sonore où se mêlent paroles, musiques, chants, histoires et contes, il invite au cœur du parcours « chrono-thématique » de l’espace « Repères ». Le long de ce chemin de la mémoire et de la découverte, le visiteur est paisiblement guidé jusqu’au patio ombragé. Il emprunte ensuite une rampe taillée dans la masse pour rejoindre les salles d’exposition aux lumières tamisées, puis, il atteint enfin sur le toit du bâtiment une terrasse et son café où l’horizon s’offre au regard, où l’imaginaire s’accorde à l’échelle du territoire, désert et océan mêlés.

Plan de masse

Vue en perspective depuis la rampe publique.

Vue extérieure

Tel le puits qui fonde l’oasis, telle la tente dans le désert, ce lieu est celui du rassemblement: Un espace public ouvert à tous, dans un carcan protecteur immaculé, un cœur aux couleurs sable, une place carrée autour de laquelle le parcours s’enroule, lieu métaphorique de l’expérience du patrimoine matériel et immatériel du Maroc saharien.

  Salma Dioury