Casablanca, un nouveau pas vers l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO
Après plus d’une décennie d’actions de sensibilisation portées par la société civile, en l’occurrence par l’association Casamémoire, une étape importante vient d’être franchie puisque Casablanca est inscrite sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’Unesco. Un processus est dorénavant en marche pour l’inscription de la ville, ce qui représente pour l’Unesco un cas prometteur de partenariat avec la société civile, les institutions publiques et le secteur privé afin de préserver le patrimoine.
Par rapport aux autres sites marocains inscrits sur la liste du patrimoine mondial (Fès, Volubilis, Rabat, etc.), Casablanca est un site emblématique pour deux préoccupations récentes de l’Unesco, précise Abderrahim Kassou : « le programme sur la préservation du patrimoine architectural et urbain des modernités dans le monde arabe et la recommandation concernant la préservation des paysages urbains historiques ». Ce sont sur ces deux aspects que s’articulera précisément le dossier.
En effet, Casablanca a été un exceptionnel laboratoire expérimental d’architecture et d’urbanisme au début du XXème siècle. Elle a permis l’éclosion de réflexions architecturales spécifiques et la diffusion d’une nouvelle discipline née en Europe et aux USA :
l’urbanisme. La capitale économique du pays a été un carrefour de cultures et d’influences issues d’Afrique du Nord, d’Europe et d’Amérique. Le style art déco, le style fonctionnaliste et moderniste, mais également la fusion avec les arts traditionnels se sont exprimés à Casablanca sous des formes qui lui appartiennent en propre. La modernité y a apporté aussi bien des techniques constructives innovantes comme le béton armé que des critères de confort dans les immeubles qui sont encore rares en Europe : salles de bains, buanderies, vide-ordures, ascenseurs, parkings, etc. Elle présente ainsi un paysage urbain à la fois varié et cohérent, mais surtout, singulier.
Le dossier de candidature est en cours d’élaboration par un groupe d’experts nationaux et internationaux (architectes, urbanistes, archéologues, cartographes, etc.) ainsi qu’une équipe de production au sein de Casamémoire, coordonnés par Abderrahim Kassou, en étroite collaboration avec le Ministère de la Culture. Une cellule de suivie locale composée de représentants de la Ville, de la wilaya, de l’Agence Urbaine, de la région, de l’inspection des monuments historiques et de la société civile aura pour rôle d’accompagner la demande et d’assurer la mise en place d’un plan de gestion cohérent et crédible.
En avril prochain, l’organisation par Casamémoire d’un atelier international avec l’Unesco, le Ministère de la Culture et ICOMOS-Maroc permettra de déterminer la « valeur universelle exceptionnelle » autour de laquelle s’articulera le dossier. Le processus de rédaction et de finalisation du dossier se poursuivra jusqu’en février 2015, date prévisionnelle du dépôt de la soumission officielle à l’Unesco à Paris par le Ministère de la Culture. Le dossier sera ensuite soumis à évaluation par l’ICOMOS et à décision par le comité du centre du patrimoine mondial de l’Unesco, composé de 21 États partie élus par l’assemblée générale de l’Unesco. Un parcours de longue haleine, dira-t-on, mais tout à fait relatif par rapport au combat mené pendant des années pour favoriser l’éclosion d’une prise de conscience.
Florence Michel-Guilluy