Aux couleurs de la ville
Centre artisanal de Tarfaya
L’agence de promotion et de développement économique et social des provinces du sud a confié la réalisation d’un centre artisanal à l’architecte Mohammed Fawzi Zniber. Un centre qui permet à la fois de produire et d’exposer à la vente les créations d’artisans du Maroc Saharien.
Tarfaya, situé au nord du Sahara marocain, est une ville dotée de magnifiques plages, un patrimoine colonial riche malgré sa dégradation. Elle est souvent comparée à l’ouest des États-Unis ou à l’Australie dans la mesure où les espaces sont vastes et peu peuplés, mais d’une grande richesse en termes de culture et de paysages.
Cette ville du sud du Maroc est avant tout connue pour son histoire coloniale, liée à la résistance envers l’occupation. La Marche verte est d’ailleurs partie de Tah, située à une trentaine de kilomètres au sud de Tarfaya.
Aujourd’hui, elle connaît une véritable renaissance, profitant de son nouveau statut de province et bénéficiant des efforts déployés par l’État et menés par l’Agence de Développement du Sud. Plusieurs projets, comme le plus grand parc éolien d’Afrique, promettent à cette ville de belles perspectives de développement.
Le centre d’artisanat promet de contribuer à l’attractivité de cette ville. Il est situé à l’entrée de Tarfaya au sein d’un mail central qui constituera la colonne vertébrale de l’urbanisation future de la ville et qui recevra l’essentiel des nouveaux équipements publics.
La première préoccupation de l’architecte était d’ordre substantiel, liée à la visibilité de l’édifice ainsi qu’à l’identification de sa fonction à travers son architecture : un bâtiment dédié à la promotion des savoir-faire artisanaux de la région. La deuxième préoccupation a été dictée par la nature du climat de cette ville, caractérisée par des vents très forts et des ensablements. Mohammed Fawzi Zniber a donc opté pour une conception introvertie capable d’affronter les rigueurs du climat. Elle met en évidence les volumes constituant les différentes composantes du projet, tout en incluant l’intervention du travail artisanal à l’extérieur comme à l’intérieur.
Espaces intériorisés et façades extérieures fermées
Le centre artisanal se déploie ainsi sous forme de blocs cubiques surmontés de coupoles et s’ouvrant sur un patio façon riad. L’enveloppe extérieure, à l’exception de celle du sud-est, est totalement fermée, aveugle. Les volumes sont de diamètres et de hauteurs variables suivant l’importance de chaque espace : des volumes importants pour le hall d’accueil et la grande salle d’exposition et des volumes moins importants pour les ateliers et les salles de formation.
Des structures tendues en géotextile sont également visibles de l’extérieur et rappellent les tentes du sud. « Une alliance entre modernité et tradition dans laquelle le Maroc s’engage », souligne Mohammed Fawzi Zniber.
L’ensemble de ces espaces est réparti autour d’une esplanade protégé par les structures tendues qui prennent la forme et la fonction d’un patio : un espace intérieur planté et doté de points d’eau destinés aux expositions et à l’animation. Un espace qui se veut convivial, polyvalent et permettant aux visiteurs de déguster du thé – un art majeur dans la région – dans une ambiance sereine, tout en étant protégés du vent. De part et d’autre de l’esplanade, des filets d’eau circulent d’une fontaine à l’autre et des espaces plantés, notamment des palmiers, sont protégés du vent et du sable.
Quant aux toitures en coupole, elles permettent, selon l’architecte, outre leur élégance, de procurer naturellement un confort thermique grâce à leur importante hauteur sous plafond. « Il faut savoir que les villes du Sud, situées sur le littoral, ne sont jamais chaudes. Les fortes températures se trouvent à l’intérieur du Sahara ».
On retrouve ces mouvements d’air qui aident au confort thermique également sous les structures tendues : elles abritent sans étouffer en laissant l’air chaud se dégager vers le ciel par les sorties latérales. Elles sont composées de géotextile imperméable, concept originaire de la région, accroché à une ossature en acier galvanisé à chaud.
La circulation entre les différents espaces est guidée par une arcade couverte. Des cheminements abrités permettent de passer à l’esplanade centrale et à l’espace de dégustation du thé.
Les ornements traditionnels conçus par l’architecte sont à l’image des volumes du projet : épurés, sobres et revêtant les couleurs beiges et ocres des paysages environnants. Il s’agit de ferronneries, frises en zellij ou revêtement de carreaux de bejmat émaillés qui exposent le travail artisanal en amont des visites des espaces d’exposition.
Ce centre artisanal a heureusement remplacé des espaces de travail médiocres et vétustes qui se trouvaient éparpillés dans la ville par des ateliers où les savoir-faire peuvent être regroupés, mis en valeur et où les visiteurs peuvent découvrir et apprécier le talent des artisans de la région.
Bouchra El Fares – Architecte
Intitulé du projet : Centre artisanal
Maître d’ouvrage : L’agence de promotion et de développement économique et social des provinces du sud
Maître d’ouvrage délégué : Province de Tarfaya
Architecte : Mohammed Fawzi Zniber
Situation du projet : Entrée de la ville de Tarfaya et mail central
Superficie du terrain : 14 000 m2
Superficie des planchers : 1 140 m2
Coût global de la réalisation : 7 703 520, 00 dhs
Date de démarrage des travaux : Septembre 2011
Date de fin des travaux : Réception provisoire en juin 2013
Gros oeuvres : Entreprise Sonitrav tous corps d’état
Bureau d’études : Bet Bacet
Bureau de contrôlé : Socotec
Autres intervenants : Sahara Topo et laboratoire s2g