ARCHITECTURE OU DESIGN ? LA PRÉÉMINENCE DE L’USAGE SUR L’OBJET
Cohérents avec une démarche pionnière, Myriam Soussan et Laurent Moulin démontrent dans cette structure d’accueil hôtelière que l’autonomie environnementale est possible partout. La conception de ce « module » comme les modalités d’agencement confirment ce qui sera sans doute la marque de notre époque : la substitution d’un objet ou d’un dessin fini et univoque – et ceci est valable en urbanisme, en architecture et en design – par des mécanismes d’usage ou de production. À suivre attentivement…
Ce petit hôtel dans la forêt d’arganiers, à 70 km au sud d’Essaouira, est isolé au sein d’un écosystème très aride (200mm de précipitations). Nous avons choisi ce type d’environnement pour montrer que l’autonomie peut-être obtenue partout, si l’on intègre la logique des cycles naturels locaux.
L’hôtel comprendra cinq chambres, un espace de vie commune, une cuisine, deux toilettes sèches, deux espaces douche, un patio commun et une piscine. Un jardin attenant au projet fournira les légumes. La nappe phréatique se trouvant à 300m de profondeur, l’intégralité de l’apport en eau provient de la récupération des eaux de pluie dans une grande citerne de 90m3. Les eaux grises traitées par phyto-épuration (roseaux et papyrus) sont intégralement valorisées en eau d’arrosage du jardin, par un système de goutte à goutte automatisé. Le compost (produit des toilettes sèches et de tous les déchets organiques de cuisine) est l’unique engrais du jardin potager.
Architecturalement, le bâtiment fonctionne comme un grand meuble à multiples tiroirs : volets épais, baldaquins ou cabines de toilettes, pont-levis, bureaux ou assises : tous ces éléments pivotent, se déplacent ou basculent pour créer de multiples configurations spatiales.
À un certain degré de mobilité, c’est l’architecture même qui est non identifiable : elle se transforme sans cesse pour épouser l’humeur de son occupant. Elle devient une représentation non pas d’elle-même, figée dans la vision univoque de son créateur, mais véritablement de l’usager du moment.