AM N°53 Les gares du Maroc

En tant que monument, la gare agit aussi bien sur la ville que sur l’esprit de ses habitants. Elle est le lieu de vie, d’animation commerciale et de services ouverts de jour comme de nuit. Le soin apporté à la réalisation de l’oeuvre transforme la perception des usagers et l’équipement n’est plus « servant » mais « servi », irrigué par des flux de piétons, les parkings et les relais de transports divers. C’est pourquoi l’édifice se doit de faire honneur à sa ville. Il est signe de modernité, de désenclavement. Il représente le visage de la mobilité urbaine de demain, attendue comme une libération, un droit inaliénable de circuler. Chaque fois que le train ouvre des territoires, l’événement est de taille. Il présage d’un nouveau monde sans frontières, où le travail est organisé, l’échange de marchandises accessible à tous, les activités rythmées par l’horloge de la gare. Célébré de tout temps, il continue d’alimenter le rêve des écrivains et des cinéastes. Point nodal de la vie citadine, le train s’inscrit dans une démarche de développement durable car économe en émission de gaz à effet de serre.

Au Maroc, ce n’est qu’en 2004 qu’on a perçu la transformation drastique de l’activité ferroviaire. De belles gares à Tanger, Marrakech, Asilah, Fès, Ksar Seghir, Nador… Plus d’une quarantaine partout dans le Royaume, rénovées, pimpantes, en huit ans seulement. Mais le tout n’est pas le bâtiment en soi, mais l’amélioration des abords qu’il engendre. La restructuration urbaine est radicale, avec des dégagements qui oxygènent les centres et installent la gare au coeur de perspectives lointaines. Plus de franges techniques, plus d’espaces dédiés à la logistique et au stockage, tout ce foncier impropre à la fréquentation du public a été déménagé au préalable, pour dégager un territoire au service du voyageur.

Dans ce numéro, vous découvrirez le grand chantier de la gare Casa-Port et l’Urba-pôle d’Oujda qui se dote d’un projet intégré à l’épicentre du Maghreb. Vous comprendrez le montage technico-financier de l’ONCF pour le projet intermodal de la gare des facultés à Casablanca qui connectera les citoyens par le métro, le tramway, le bus et le parking. L’ambition affichée de servir les futurs besoins de mobilité rapide par le LGV. Le rapprochement de Tanger et de Casablanca à 320 Km/h en 2h. de train. Mais aussi le tramway que les citadins attendent pour le 12/12/2012, ainsi que ses relais en RER dans 7 gares de Ain Sebaâ jusqu’à El Jadida. A écouter Rabii Khlie qui gère 8 000 personnes, la maîtrise d’ouvrage est une responsabilité naturelle de l’ONCF. Et s’iI n’a pas hésité à confier aux architectes nationaux des réalisations d’envergure, c’est qu’il voulait faire émerger des expertises nationales en même temps que les projets sortaient de terre. Cette confiance faite à Youssef Melehi, Ouassini, Lahlou, Mountassir autorise désormais à exporter un savoir faire made in Morocco.

Et, cerise sur le gâteau, des artistes comme Mehdi Qotbi, Noredine Chater, Mohamed Melehi ou Hassan Zarrou ont été invités à intervenir directement sur les bâtiments. La dizaine de gares que nous vous présentons est un prétexte pour saluer une synergie modèle entre architectes, artistes et maître d’ouvrage.

Selma Zerhouni

Sommaire

BIOGRAPHIE

ÉDITORIAL

Les gares du Maroc

COUP DE COEUR

Maison expérimentale à Rabat, tout un art de vivre Florence Michel-Guilluy

CONCOURS

Stand 3×6, Less is more

DÉBAT

Le transport ferroviaire sur l’ensemble du territoire, une stratégie de développement Florence Michel-Guilluy

Infrastructures intermodales ferroviaires Pascal Bonaud