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AM N°5 Quels espaces industriels ?

La volonté politique qui tend vers le consensus ne suffit plus. Nos villes ont besoin d’une vision qui persiste par-delà les élections, dans une démarche ferme. Une vision qui s’appuie sur le constat alarmant au regard des périphéries urbaines et sur la remise en question totale des propositions du schéma directeur. En effet, le SDAU n’a abouti qu’à satisfaire des spéculateurs fonciers et à écarter les véritables investisseurs par un mécanisme devenu dissuasif parce que non abouti. Les chantiers perpétuels des zones périurbaines d’aujourd’hui, en sont la navrante expression. Les quartiers industriels qui y ont fleuri ne sont pas épargnés par le manque d’infrastructure malgré les richesses qu’ils y produisent.

Quels espaces industriels peut-on alors accueillir à la ville et à la campagne?

Comment les répartir sur le territoire dans une cohérence endogène et globale, tout en répondant aux exigences inévitables de la mondialisation ?

La question ici n’est plus d’un ordre quantitatif mais qualitatif et de la réponse explicite dépend l’avenir des Marocains. L’on sait que la ville subit des pressions de toutes sortes avant de trouver sa tendance dominante. Mais sa vocation « naturelle » est toujours soumise à la volonté politique, censée définir un programme comportant à la fois des équipements structurants et de proximité, des espaces de loisirs et de promenade, mais aussi des quartiers commerciaux et industriels. Le dosage savant d’espaces servants / espaces servis n’est pas forcément d’une configuration équilibrée car il doit aiguiser les dynamiques préexistantes.

Force est de constater que l’équilibre de l’offre et de la demande industrielles n’est pas atteint et qu’il ne remplit pas les conditions pour une production nationale distincte. La démonstration n’est plus à faire. L’ouverture de quartiers industriels par les organismes publics constitue un frein à l’investissement et les dysfonctionnements sont désormais connus. Ils laissent s’échapper vers d’autres contrées les investisseurs solvables. (Cf. rapport des Chambres de Commerces au Maroc, 1996). Pourquoi donc persister dans des solutions inadéquates, alors que des ébauches de solutions existent !

En effet, les industries en locatif privé ou semi-privé, récemment installées à Casablanca semblent satisfaire pleinement leurs usagers. Il s’agit des fameux parcs industriels aménagés équipés, sécurisés et entretenus tels que Oukacha et Indusparc.

Là, selon les industriels, la promesse d’efficacité semble être tenue.

Cependant, une question fondamentale demeure. Elle concerne les caractéristiques voulues et décidées et la répartition spatiale des industries à travers la ville mais aussi le pays. En parallèle se pose un autre problème, préalable à tout développement local : la recherche appliquée. Car à réfléchir sur l’espace industriel, son architecture en matériaux et technologies importés, ses cités ouvrières peu attrayantes, on est mené à penser que le milieu de travail est essentiel. Grâce au soin porté dans les aménagements de ce milieu de vie, on peut y trouver du bien-être, propice à la créativité. N’est-ce pas cela la vie, que de savoir combiner plaisir et productivité ?

Selma Zerhouni

Sommaire

 ÉDITORIAL

Quel espace industriel ?

 DÉBAT

Le leg Cadet par Nadia Jebrou Guedira

L’aménagement industriel du Grand Casablanca par Abdelkader Kaioua

De l’identité industrielle par Fouad Temsamani

 ARCHITECTURE

Tanger Free Zone par Hakim Cherkaoui

Un espace industriel minimaliste et performant par Monia El Fares

Un projet pilote high-tech, la halle aux poissons de Nador par Monia El Fares

Auto Nejma, une tradition par Selma Zerhouni

Amorce d’une zone industrielle décentralisée à Taza par Monia El Fares

VETE, une œuvre méconnue par Slama El Kadiri

 ART

Les anciennes cimenteries Lafarge par Hamid Zerouali

Lesieur, mémoire d’industrie par Ali Chraïbi

Kacimi ou l’équation du sens

Boujemaoui par Abderrahim Sijelmassi

Mohammed Melehi à Matisse Art Galerie

Les activités de l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca

Les activités de l’Ecole Nationale d’Architecture

 ENVIRONNEMENT

L’ancienne Kalaâ, Tizourgane, reprend son souffle par Khaddouj Zerhouani

Pour une gestion intelligente de l’eau par Nadia Jebrou Guedira

 BRÈVES

 CHRONIQUE

Errance et tourment à Casablanca  par Mostafa Nissabori