AM N°41 Aéroports 100% Marocains

Quel équipement plus qu’un aéroport peut être le signal d’un pays ? Premier regard, première image, mais aussi dernier adieu d’une ville…d’un pays. Le sujet est en soi intéressant. Ce qui nous a incités à en faire un numéro spécial, c’est bien entendu l’architecture des aérodromes du Maroc mais aussi et surtout la façon de faire du maître d’ouvrage, l’ONDA. En effet, nul ne peut ignorer les changements qualitatifs des bâtiments des aérodromes nationaux mais aussi de leurs abords et de leurs fonctionnement. Que ce soit à Casablanca, Fès, Oujda, Tanger, ou dans de petites villes comme Dakhla, Guelmime, Benslimane ou Essaouira,… Le renouvellement est énorme. On a l’impression qu’en cinq ans, la mondialisation autrefois à nos portes, se fait plus concrète. On perçoit la multitude de modification à la fois dans l’espace mais aussi dans les usages. La douane, par exemple, a troqué sa fouille systématique contre un examen plus léger permettant au passager de se soustraire à cette suspicion désagréable. Le policier qui vous reçoit en se fendant d’un sourire accueillant, vous souhaitant la bienvenue chez vous. L’agent de support poli qui assure une propreté exceptionnelle ou remet les chariots à leur place, les rendant facilement disponibles. Sans compter les déambulations rendues agréables grâce aux nouvelles boutiques, cafés, restaurants, galeries d’art… De quoi souhaiter rater son vol! Récemment, les heureux voyageurs se déplacent d’un terminal à l’autre, en voiturette électrique s’ils éprouvent la moindre fatigue. La signalétique a, elle aussi, été confiée à des professionnels qui en profiteront pour la publicité.

On est au Maroc, mais déjà ailleurs, sur un seuil, un lieu symbole de voyage, de retour, d’affaires mais aussi de pèlerinage. Plus qu’un édifice, cette machine est au service du tourisme. Sa conception est chargée de sens, en témoignent les architectes présentés dans ce numéro. Chacun d’eux a voulu répondre à l’urgence de servir la politique touristique du pays tout en réalisant une oeuvre d’art.

L’architecture des aéroports est là pour durer et pour signifier aux générations futures que des experts bien marocains ont signé ces monuments de demain. Le rêve ! C’est la première fois que la commande pour un équipement public sophistiqué, devient une chance pour des architectes nationaux. Ils ont été choisi, non pas sur concours, mais par la voie classique d’un simple courrier de soumission, traité en toute démocratie. La minutieuse programmation, préparée par l’ONDA, applique les normes internationales et les réajuste, tout en offrant l’opportunité à ses prestataires de devenir des « spécialistes des aéroports ». Pas d’expertise étrangère, pas d’hésitations, ont fait confiance aux nationaux. M.Benallou s’érige en fin stratège, car il croit que l’architecte engagé peut s’entourer d’experts, si cela lui est nécessaire… Et vu qu’il a défini précisément ses besoins en les consignant dans un cahier de prescriptions précis, il ne court pas de risques.

Bureaux d’études et architectes sont sélectionnés sans priviléges, sur la base de leurs compétences et de leurs mérites. Voici la preuve que les équipements publics sont de fabuleux moyens pour booster le savoir faire national. Au lieu de faire appel à des stars, et que les architectes locaux demeurent dans l’ombre, sous tutorat, l’office des aéroports a fait émerger des potentialités. Une leçon pour toutes les administrations et les mairies qui prétextent le manque d’expertise pour s’adresser à des étrangers. Cette culture est dans la continuité historique de l’aéroport de Tit Mellil conçu par Zevaco, lequel n’a rien à envier aux projets 100% marocains.

Selma Zerhouni

Sommaire

BIOGRAPHIE

ÉDITORIAL

Les aéroports 100% marocains

COUP DE COEUR

Un architecte tel Elie Azagury ne disparaît jamais Driss Kettani

Check auto Express Le raffinement de la discrétion Mehdi Saoudi Hassani

CONCOURS

Reconversion des abattoirs de Casablanca en Centre des Arts et de la Culture

DÉBAT

Les aéroports du Maroc de demain Bouchra El Fares, Selma Zerhouni