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AM N°39 Essaouira : Modèle de renaissance durable

Essaouira : modèle de renaissance durable ?

« Mon avenir, c’est le pays qui est devant moi. » Guillaume Apollinaire

Le développement durable fait partie des tendances lourdes de ce siècle.

Économie d’énergie, d’eau, de matières, préservation de l’environnement naturel, sont les dispositions vers lesquelles s’achemine le monde. La technologie sous-tend les futures constructions, mais la représentation harmonieuse de la croissance des villes, qu’elle soit lente ou rapide, se fonde désormais sur une éthique. La cohérence urbaine se veut à l’image de la nature, des habitants, de la vérité intrinsèque des usages et sera forcément vertueuse si le respect de la localité en est le guide.

En se détachant de la vision triviale du fait économique contemporain, et en composant avec le réel de la fameuse mondialisation, la ville peut être à la fois douce et humaine. Pour cela, le privilège sera donné à la relation poétique avec l’espace, la lumière, les hommes, l’art et les savoir-faire. Toutes ces richesses immatérielles que négligent les stratèges, les économistes, les urbanistes. On peut dire qu’aujourd’hui, Essaouira a gagné ce pari. Cela se ressent par celui qui l’aborde. Quels que soient son origine, sa religion, son milieu, il en tombe amoureux. En effet, hors des circuits stratégiques passe-partout, les activités culturelles qu’elle propose régulièrement sont devenues des leviers de prospérité inédits, avec en tête, le Festival Gnaoua.

Il faut dire que, dès sa nomination, le conseiller de S. M., André Azoulay, a voulu investir dans ces ressources culturelles. Ses vieilles ruelles décrépites n’accueillaient plus que ses natifs guidés par la nostalgie. Hors du circuit touristique des villes impériales, elle s’enlisait lentement dans l’oubli. De plus, l’arganier, le thuya, le faucon Eleonore, étaient menacés de disparition par une exploitation abusive. Le patrimoine bâti se maintenait sans entretien, ni équipements. Or, il fallait outrepasser tout ceci et créer une spirale positive avec des certitudes économiques ! La cité devra donc sortir de sa pauvreté et de son enclavement sans compter ni sur l’industrie, ni l’agriculture, ni le commerce.

Alors, la petite ville trouva sa propre voie, sans sacrifier son âme. Tandis que les grands chantiers de promotion immobilière donnaient un coup de fouet inespéré à tout le pays, cédant au consumérisme planétaire, sans soumission à l’esthétique, sans préservation de l’environnement, sans concertation avec la population locale, Essaouira s’engagea dans l’ouverture sur le monde à partir de sa culture locale.

Bien sûr, cette démarche rencontra des résistances. Des promoteurs immobiliers, habitués au gain facile, tentèrent de reconduire les mécanismes connus de dilapidation désinvolte de l’espace rural. Mais les amis d’Essaouira, regroupés dans la fondation Essaouira Mogador, se sont érigés en fervents défenseurs de ses richesses immatérielles. Au nom du fameux « Essaouira spirit », ils imposaient le respect du contexte. De grands absents dans cette lutte : les architectes. Pourtant, le modèle Essaouira préserve avant tout, le patrimoine bâti.

Un axe supplémentaire à ajouter à la liste des actions pour un développement durable, voire une renaissance durable.

Selma Zerhouni

Sommaire

 BIOGRAPHIE 

 ÉDITORIAL

Essaouira : modèle de renaissance durable ?

 HOMMAGE

La sociologue et les architectes

 COUP DE COEUR

Un projet civique à Takoucht Nadia Jebrou

 CONCOURS

Centre de vacances à Agadir

 DÉBAT

Dessinée par un roi, défendue par les siens Entretien d’André Azoulay

Chronique de l’universalité d’Essaouira Mina El Mghari

Essaouira : du local au générique ? Marc Gossé

Le domaine de Mogador Selma Zerhouni

Non lieux urbains Ismail Akajni

Essaouira, sauvée par sa culture Selma Zerhouni

Essaouira que j’aime Rachid Haloui

Essaouira : une cité antique Sophie Geissmann

Architecture et Tradition Marocaine Abdellah Bounfour

Méthodologie pour une rénovation urbaine d’Essaouira José VandeVoorde

 MATERIAUX

La pierre Hanane Bouchtalla

 ARCHITECTURE

Domaine de Mogador, la frégate de charme Valérie Moeyensoon

La tradition revisitée Valérie Moeyensoon

 BOOK-ARCHI

L’exception souiri Selma Zerhouni

Les fabuleux héritages monumentaux d’Essaouira Asmae Issam

Le Mellah d’Essaouira Sophie Geissmann

Relais et château « l’heure bleue » – Un présent enlacé au passé Sophie Geissmann

« Al khansaa » et « Tamayourt » : Entre l’art et la culture Sophie Geissmann

Riad Mimouna Bouchra El Fares

Quand souffle le Taros Asmae Issam

Dar L’Oussia, hôtel de charme Asmae Issam

Riad Al Medina Hanane Bouchtalla

La Tour « Borj Bâb Marrakech » Valérie Moeyensoon

Dar Souiri Valérie Moeyensoon

Hôtel des Îles Bouchra El Fares

 PATRIMOINE

Dégradation avancée du consulat danois et de l’église portugaise Nadia Jebrou

 ENVIRONNEMENT

Le Faucon Eléonore, une espèce en voie de disparition Valérie Moeyensoon

 ART

La peinture d’Essaouira Valérie Moeyensoon

 ETUDIANT

Carnet de voyage, une belle leçon d’histoire Valérie Moeyensoon

A la conquête de la ville – « Les jardins de Derb Ghallef » Abderrafih Lahbabi

 FOCUS

Focus sur les associations d’Essaouira Valérie Moeyensoon

Confession, d’une nouvelle pèlerine Valérie Moeyensoon

 BREVES