AM N°34 Architectes de moins de quarante ans
Architectes de moins de quarante ans : le renouveau ?
« La jeunesse est plus apte à inventer qu’à juger, à exécuter qu’à conseiller, à lancer des projets nouveaux qu’à poursuivre des anciens. » Francis Bacon (Les essais)
La « Une » est inspirée du pop art, courant révélateur d’une tendance de l’époque de Marilyn Monroe. Les talents surgissaient de nulle part, se fabriquaient à coup de films, de télé, de livres, de BD et de magazines. On célébrait les créateurs avec des moyens empruntés à la publicité et la société industrielle. On confectionnait des stars aux destins brillants comme on « monte » un produit.
A la recherche de discernement dans la production architecturale nationale, nous ne parvenenons pas encore à cela dans AM Architecture du Maroc. Nous nous efforçons à faire connaître les architectes doués, les sortir de l’ombre. Aussi avons-nous saisi l’occasion, grâce au concours organisé par le groupe immobilier KLK, d’utiliser une base de données providentielle, celle des architectes de moins de 40 ans. Contrairement aux sportifs, les architectes célèbres de par le monde dépassent largement la cinquantaine. Or, dans un pays émergeant comme le nôtre, en pleine ébullition constructive, les jeunes doivent participer malgré leur peu d’exercice. Ils doivent profiter de cette belle opportunité de construire de grands projets dans leur propre pays. C’est ainsi qu’ils verront leurs noms s’afficher sur le tableau des célébrités universelles. Mais préalablement à cette reconnaissance, des études sociologiques sur ces hommes et ces femmes restent à faire. Qui sont-ils ? Comment les classer ? Dans quel courant s’inscrivent-ils ?
Prenons une entrée, celle de la formation nationale ou étrangère. Ceux issus de l’Ecole d’Architecture de Rabat, semblent être des adeptes de F.L. Wright. Ils amplifient donc un mouvement qui prend ses racines aux USA du début du siècle dernier. L’ENA Wrightienne ? Une piste à défricher. En tout cas, dans la pratique, le courant est faiblement perceptible. Intégrés dans leurs contextes, ces DENA sont des experts es-CAO. Beaucoup sont bien rémunérés, avant l’obtention de leur diplôme. Ils citent souvent les agences du groupe « Confluence » friandes des charrettes de concours.
Formés à l’étranger, un temps d’adaptation aux rouages administratifs et à la commande est nécessaire pour ces jeunes architectes exigents et engagés. La formation à la française donne des architectes beaux parleurs et sans références nationales. L’école belge est moins critique et les jeunes citent des noms comme Taoufik El Oufir, Sijelmassi, Azagury, Zevaco ou Boccara. Quant aux apôtres du métier, ils citeront Richard Meyer, Le Corbusier, Mies Van Der Rohe et… F.L.Wright.
Leur reproche le plus lourd c’est envers l’administration, frein bloquant de leur créativité. Tous estiment que l’application aveugle de la réglementation porte préjudice au paysage urbain. Quant à leurs réponses concernant l’apport des instances de l’ordre des architectes, elles restent évasives. Rarement impliqués dans la politique, les jeunes architectes cherchent avant tout à exprimer leur art. Ils ont une culture corporatiste. S’ils se regroupent, c’est uniquement pour accéder à une commande plus ambitieuse. Pour eux, l’ouverture des frontières est redoutable si les grands opérateurs s’adressent à de grands cabinets étrangers.
C’est pourquoi, au prix de grands sacrifices, ils répondent aux concours espérant briller grâce à leurs talents sur la scène nationale puis mondiale. Pour qu’ils y réussissent, comme le mouvement pop art, il faudrait perturber le monde des affaires et remettre en question le choix sans risques des donneurs d’ordre qui s’adressent aux stars établies au lieu d’en fabriquer.
Selma Zerhouni
Sommaire
ÉDITORIAL
Architectes de moins de quarante ans
COUP DE COEUR
Le verger de l’étoile filante Bouchra El Fares
CONCOURS
Le siège pour le Festival International du Film de Marrakech
DÉBAT
Khadija Kabbaj, intéresse l’industrie italienne Nadia Jebrou
Loger chez l’habitant en médina Valérie Moeyensoon
Quelle communication pour les services publics Nadia Ben Moussa
Le temps social des jeunes architectes Saïd Nassiri
Qui est F. L. Wright Extraits de recherches sur Internet
Les Anglais : Clients du Maroc de demain Selma Zerhouni
Dar ou Riad Abdellatif El Hajjami
ARCHITECTURE
Introduction – Bourrés de talent et moins de 40 ans – Selma Zerhouni
Younes Ben Kacem – l’avenir prometeur Selma Zerhouni
Hicham Bouftila – Le retour au pays Valérie Moeyensoon
Meriem Tahiri – Le métier avant tout Selma Zerhouni
Hicham Ech-Chefaa – Un amoureux de La Cambre Valérie Moeyensoon
Mehdi Saoudi Hassani – Impatient d’être reconnu Valérie Moeyensoon
Khalid El Assal – Inlassable chercheur Selma Zerhouni
Rachid Essadani et Aziz Menane – La complémentarité nécessaire Nadia Jebrou
Zakaria Boujmal – L’attente d’un nouveau souffle Nadia Jebrou
Adil Ourahou – Doucement mais sûrement ! Nadia Jebrou
Abdelhakim Guilmi – Prêt à relever le défi Bouchra El Fares
Youssef Nejmi – La référence en architecture Bouchra El Fares
Asmaa Chraïbi – l’exigence en architecture Bouchra El Fares
Youssef Benkiran – Tôt confirmé Valérie Moeyensoon
ESPACE ÉTUDIANT
Une ville imaginaire Yassine Abrak
ART
Azzedine Baddou – Architecte passionné de « l’Art Récup »
PATRIMOINE
Découverte de vestiges archéologiques sous la mosquée Al Karawiyine Ahmed S. Ettahiri
Al-Karawiyine, du simple oratoire à l’université Ahmed S. Ettahiri
Construction en pisé un art architectural à la mode Salah Chakor
Le cinéma Régent de Meknès disparaît Ismail Akajni
Casablanca fait peau neuve Valérie Moeyensoon
ENVIRONNEMENT
Vers l’indépendance énergétique du Maroc Bouchra El Fares
BREVES