AM N°31 Architectures premières

L’architecture première est HQH

L’architecture est le témoin majeur de l’histoire collective. Grâce à elle, la mémoire sera préservée ou perdue, comme on arrache une page à un vieux manuscrit.

Heureusement, on peut considérer que le patrimoine marocain a été miraculeusement sauvegardé. Faute de moyens. Lorsque certaines médinas ont été classées patrimoine mondial de l’humanité, les habitants ne pouvaient procéder aux travaux de rénovation dans les règles de l’art. Quelques ksour ont été purement et simplement désertés, des jardins fermés, des douars délaissés et la valeur inestimable des centres historiques arts déco dénigrée.

La sauvegarde des tissus anciens n’a démarré qu’avec l’engouement des touristes pour ces beaux vestiges. Ils en ont été le révélateur. Et nos vieux riads et ksour se sont vus revalorisés en ce début de 21e siècle impulsant le mouvement d’intervention sur les tissus anciens.

Les touristes sont à la recherche de ce qui a été miraculeusement préservé. Toutes les formes de savoir-vivre, d’habillement, de cuisine, de musique, de danse, de chant, les intéressent dans ces coutumes traditionnelles prégnantes. Mais parmi toutes ces connaissances, l’architecture demeure la véritable richesse.

Vous découvrirez dans ce numéro, l’architecture première dans ses formes diverses. A la campagne, dans la vallée de l’Ouneine, douars où l’écosystème est à préserver et le touriste à accueillir sous conditions comme. Dans les ksour, modèles de cités à conserver, comme Agourai ou dans Azzemour la plus ancienne des médinas du Maroc, qu’une action citoyenne a sauvé et qui connaît une dynamique exceptionnelle. Vous y trouverez aussi des espaces uniques qui influent positivement sur leur environnement comme le Ricks Cafe, le marché de Larache ou la Villa des arts. Mais ce qui vous marquera comme nous, c’est la façon dont les villes nouvelles adoptent des notions anciennes, et reprennent les concepts et le mode de vie traditionnels en proposant des « médinas » comme espace à vivre et à habiter autrement. Tamesna et Tamensourt. Prenant exemple sur l’architecture vernaculaire, les architectes recherchent le bien-être indicible qui en émane, l’harmonie naturelle qui en découle sur le corps humain et son rapport avec le paysage et l’environnement. Ils ne traquent plus uniquement le logement mais la promenade, la jouissance de l’espace public, de l’espace de partage, de l’exercice du civisme. Lorsqu’on pense à ces espaces, on pense patrimoine, et c’est le passé qu’on évoque. Mais ce dont on est sûr aujourd’hui, c’est qu’il y va de l’avenir de chacun d’appliquer ces référentiels menacés de disparition. En effet, si le riad est devenu un must, une mode, une tendance, c’est qu’il donnerait des leçons aux plus grands architectes du monde. Cette perfection dans l’harmonie entre l’usage et le lieu, entre le mode de vie et le milieu, on pourrait la baptiser « HQH ». Sans copie aveugle et sans pastiche trompeur, les solutions constructives traditionnelles devraient être érigées « Haute Qualité d’Habiter » pour réinventer le cadre de vie et le bien-être de l’homme du futur.

Selma Zerhouni

Sommaire

ÉDITORIAL

L’architecture première est HQH

COUP DE COEUR

La synagogue du Val d’Anfa Selma Zerhouni

CONCOURS

Concours Al Omran – Un siège pour le plus grand promoteur public du Royaume

DÉBAT

Une stratégie nationale pour sauver les tissus anciens

Le Conseil National de l’Habitat propose une stratégie nationale d’intervention dans les tissus anciens

Enfin une approche globale pour sauver l’urbanisme ancien et ses habitants ! Abdellatif El Hajjami