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AM N°23 Plan Azur

Le Plan Azur ou aménager intelligent

Comment tirer vers le haut l’économie du Maroc en profitant des atouts existants que la nature lui offre ? En créant des noyaux urbains maîtrisés au service d’un développement créateur de richesse dont le moteur est le tourisme.

Intégré dans une vision de développement globale (vision 2010), le Plan Azur est issu des assises du tourisme de 2001. Il prévoit la construction de six stations balnéaires dont devront profiter les régions où elles sont implantées en équipements, infrastructures, voiries et réseaux divers, à la fois dans le site et hors site. Chacune des six stations s’accroche à une ville importante qu’elle valorise pour l’accueil des futurs visiteurs et au bénéfice des habitants. C’est ainsi que la station balnéaire de Saïdia profitera à Oujda, Mazagan à El Jadida et à Casablanca, Lixus à Larache, Mogador à Essaouira, Taghazout à Agadir, Plage blanche à Guelmim et Tan Tan.

D’un autre côté, les nouveaux planificateurs sont convaincus que les plans d’aménagement sur le modèle des années 80, ont ouvert la voie aux appétits insatiables des promoteurs et sont en grande partie responsables de l’influence néfaste de nombre de programmes sur notre cadre de vie. Le paysage urbain en a été défiguré tandis que l’impact sur la mémoire collective poussait à la morosité et entretenait la culture du dénigrement systématique de l’action étatique.

Le Plan Azur vient bouleverser le contexte et, en quelque sorte, remédier à l’anarchie de l’urbanisme tant citadin que rural. Ce ne sont plus seulement des architectes et des urbanistes qui décident du paysage du littoral, mais aussi des managers et des hommes du terrain en charge de maintenir la cadence et d’entretenir la cohésion entre les études et la réalisation. L’enjeu alors conduit à mettre en équation tous les facteurs de réussite en faisant la part belle aux études, tout en maintenant le cap vers un objectif clair, celui de concrétiser sur le terrain les idées consignées.

Cette démarche est novatrice dans le secteur de l’urbanisme en général. Le système est simple. Avec une phase de programmation, une d’aménagement-développement, une de promotion immobilière, une d’architecture, et enfin une de gestion par des sociétés de syndic, chaque étape du projet doit être réalisée après avoir défini à l’avance son financement. L’ambition est de planifier à long terme le territoire balnéaire du Maroc en développant des stations réparties équitablement aux bords de l’Atlantique et de la Méditerranée sur des régions sélectionnées.

Les moyens ? Confié aux meilleurs spécialistes mondiaux et à des professionnels confirmés, ce nouvel urbanisme balnéaire profite des expériences reconnues, s’en inspire et veut faire mieux en optant pour des stations touristiques de dernière génération. Car, pour répondre au marché émetteur qu’est l’Europe, il faut placer la barre très haut. Il ne s’agit plus de briser la chaîne de compétences par de l’improvisation et des reports de calendrier.

On regrette cependant que la conséquence directe d’une telle exigence soit la faible participation des nationaux. Mais quelle est donc cette structure qui peut se targuer d’avoir réalisé des aménagements touristiques de cette ampleur ? Quel est ce groupement d’architectes et d’ingénieurs, performant et organisé, qui peut entrer dans la compétition internationale au même titre que les grands cabinets qui ont répondu aux appels d’offres que lance le Maroc ?

Si l’équipe de la Direction des aménagements et des investissements au Ministère du tourisme, mise en place par Jawad Ziyat, a élaboré un système très étudié pour éviter tout risque de dérapage, elle ne peut être tenue pour responsable d’une réalité structurelle et accusée de « manque de patriotisme économique ». Le Plan Azur ne s’adresse qu’à une élite de professionnels à travers le monde. Il ne reste plus qu’à espérer voir émerger, parmi les architectes et les investisseurs, des champions nationaux qui soient d’envergure internationale. Dans ce cas-là, le grand chantier national qu’est le Plan Azur, outre sa mission première, aura servi à motiver les entrepreneurs marocains et à leur redonner confiance dans leur propre pays.

Selma Zerhouni

Sommaire

 ÉDITORIAL

Le Plan Azur ou aménager intelligent

 ACTUALITÉS

Le four à chaux

 CONCOURS

Bientôt une nouvelle corniche pour Rabat

 DÉBAT

La vision 2010, une solide stratégie touristique – Interview avec Fouad Chraïbi Propos recueillis par Khaddouj Zerhouani

La vision 2010 en chiffres – Interview avec Omar Rharbaoui Propos recueillis par Khaddouj Zerhouani

Le Plan Azur, un cas d’école – Interview avec Jawad Ziyat Propos recueillis par Selma Zerhouni

Les étapes du Plan Azur – Interview avec Elhoucine Fassi-Fihri Propos recueillis par Khaddouj Zerhouani

La re-fondation éthique du tourisme – Encore un simulacre ? par Mostafa Chebbak

L’architecture pour touriste – Interview avec Enrique Hidalgo Propos recueillis par Selma Zerhouni

 ARCHITECTURE

Le Plan Azur ou le management territorial par Selma Zerhouni

Station de Saïdia – Province de Berkane

Station de Lixus (Khémis Sahel) – Province de Larache

Station de Mogador – Province d’Essaouira

Station de Mazagan – Province d’El Jadida

Station de La plage blanche – Province de Guelmim

 ART

Le phare d’El Ank, point de mire par Bouchra Lahbabi

 ENVIRONNEMENT ET PATRIMOINE

Importance archéologique de Lixus par Naïma El Khatib-Boujibar

 ESPACE ETUDIANT

Regain de dynamisme aux Beaux-Arts par Mostafa Chebbak

 BRÈVES 

 POÈME 

par Mostafa Nissabouri