AM N°11 Architectes au féminin

Toujours à la recherche de nouvelles définitions dans le monde intarissable de l’architecture, AM a consacré ce numéro aux femmes du métier. Non pas que l’objectif soit d’exclure les hommes ou de chercher une quelconque revanche sur l’histoire de leur domination, voire de leur rejet dans ce métier à cause de leur diplôme rose au contraire. Car on ne veut pas ramener ces femmes à la généralité d’un sexe mais présenter leurs particularités en tant que « homo universalis ». Ce dossier cherche donc à (re)marquer les différences dans la pratique du métier d’architecte et à souligner que l’homme est différent de la femme et que la femme est différente de l’homme. Cette dissemblance produit des cheminements professionnels complémentaires dans un métier qui, il est vrai, a longtemps été le territoire exclusif des hommes.

Mais pour mieux comprendre, on a voulu poser la problématique des architectes au féminin sous plusieurs angles et donner de nouveaux éclairages aux préjugés qui persistent. C’est pourquoi, nous avons présenté les projets de ces femmes mais aussi des réflexions sous l’angle psychique, philosophique et historique pour ne pas être réducteur. On le serait si on ne tenait pas compte de leur volonté à toutes de s’accomplir non pas en tant qu’architectes seulement, mais aussi en tant que mères et épouses. Nous avons fait une enquête à l’Ecole Nationale pour savoir comment l’enseignement de l’architecture est appréhendé par les jeunes filles, et nous avons découvert de nombreuses architectes en herbes… voilées. C’est qu’on ne pourrait oublier le contexte traditionnel et conservateur, voire passéiste dans lequel la pratique du métier s’effectue.

Pourtant, les plus anciennes ne semblent avoir rencontré aucune difficulté d’ordre machiste. En tout cas, elles ne désirent pas s’étendre sur ce sujet. Leur parcours professionnel semble trop parsemé d’embûches pour s’arrêter à cette ségrégation, puisque seulement 50% des femmes diplômées exercent leur métier d’architecte dans le privé et parmi elles 70% sont dans la nature, les autres étant dans la fonction publique. Leur parcours dénote une large culture générale nourrie de lectures, de films, mais aussi d’engagement social passionnant. On les retrouve dans de nombreuses associations défendant avec fougue le patrimoine culturel, les femmes, les enfants, le sens du civisme, etc. Mais ce qu’elles défendent le mieux lorsqu’elles construisent, c’est leur métier, à travers des projets qu’elles bichonnent, s’appliquant à traquer les finitions bien faites, contrôlant les détails, surveillant l’évolution du chantier. La femme architecte est appréciée par les entreprises et les promoteurs, à la fois pour son sens des responsabilités et pour sa disponibilité. Alors, pourquoi continuer à classer les architectes en deux groupes, les diplômes roses et les diplômes bleus ?

Selma Zerhouni

Sommaire

ÉDITORIAL

Architectes au féminin (Homo universalis)

ACTUALITÉS

L’occasion de choisir son logement par Meryem kaf

L’innovation, mot d’ordre du concours céramique par Meryem kaf

DÉBAT

L’architecture au féminin dans l’histoire et la légende Extrait de Rawd Al-Kirtas

Féminité et créativité, une singularité revisitée par Mostafa Chebbak

L’architecture est-elle sexuée ? Interview de Chafika Sekkat

Les femmes architectes d’ici et d’ailleurs par Amina Medaghri Alaoui