AM N°10 Avenue Royale : reconversion de ville

Nous l’avons tous rêvé

Il y a des jours où Casablanca semble obstruée, bouchée, congestionnée. Elle est comme coincée, empêchée de s’épanouir, d’aller vers son glorieux destin de métropole internationale dans la démesure propre aux grandes capitales. De toutes ses voies, elle se contorsionne et exprime son malaise par des embouteillages infinis, des attentes sans espoirs et un air proprement irrespirable. Et chacun de nous pense que Casablanca ne peut plus être abandonnée ainsi à ses pulsions naturelles. Qu’il faudrait décider de son sort, diriger sa croissance, volontairement, énergiquement.

On peut rêver aujourd’hui, puisque la ville bénéficie d’un Wali conscient de l’immense impact de l’environnement urbain sur le moral des citadins !

On peut rêver car des signes réconfortants et positifs nous font découvrir le renouveau du Bd Moulay Youssef, la restauration de l’église du sacré-coeur, le dégagement des emprises publiques, le futur port sec, la désaffection des anciens abattoirs, le classement d’un patrimoine urbain remarquable, etc. Ces actions sont des témoins d’une tendance, isolée encore, jalonnant le paysage de cette ville au dynamisme redoutable. Mais, Casablanca mérite un geste plus fort, prépondérant, un geste magistral doublé d’une action de sauvetage. Pour la décongestionner, le bon sens voudrait qu’on regarde vers la mer, son débouché naturel. La mer qui offrirait en même temps que la bouffée d’oxygène attendue, tout ce que le centre refuse encore de livrer, la promenade, le jeu, le plaisir, la contemplation, la découverte de paysage, la flânerie…

Et c’est alors que l’on s’aperçoit que le rêve improbable que l’on avait évoqué, existe depuis longtemps. Il a même été dessiné avec la mosquée Hassan II en 1989 sous forme d’un large boulevard qui pénètre jusqu’au coeur. La vision est colossale par ses dimensions, ses ambitions, ses objectifs. Cette purge urbaine a porté tour à tour les qualificatifs grande percée , saignée , pour enfin être baptisée officiellement Avenue Royale . Opérateur de cette gigantesque reconversion urbaine, certainement la plus importante de ce siècle, la SONADAC. Cette entreprise communale est restée silencieuse depuis sa création en 1995, attendant le moment opportun pour sortir de l’ombre et communiquer. Et c’est à AM qu’elle a choisi d’offrir en exclusivité de précieuses informations que nous vous livrons dans les détails. C’est que la phase la plus difficile est finie et que l’on passe aujourd’hui à une étape plus gratifiante et spectaculaire, facile à montrer et à expliquer : la phase de réalisation concrète.

L’urbanisme opérationnel est enfin né au Maroc. Ses mécanismes s’accompagnent d’un travail discret, ingrat et complexe qui a consisté à répertorier des parcelles dans un tissu urbain dense et insalubre, à préparer l’arsenal juridique, à retrouver les propriétaires, les indemniser, à inventorier les locataires, les convaincre, à déloger les populations à déplacer, à construire des appartements… Toute une expertise développée par la SONADAC qui a pu assumer en parallèle la maîtrise d’ouvrage pour réaliser Hay Nassim sur un territoire urbain de 320 hectares !

Soutenu par le fons Hassan II, le montage technico-financier prévoit la commercialisation de 13 ha de terrain gagné sur la mer grâce aux travaux de la grande mosquée pour finaliser le projet. Il est donc grand temps de réaliser que l’Avenue Royale ne joue plus l’Arlésienne et qu’elle sera ce centre urbain prestigieux qui transformera le paysage que nous avons tous rêvé, selon un Master Plan conçu par une équipe d’architectes qui y croient et qui se battent chaque jour pour que cette idée ne demeure plus une utopie.

Selma Zerhouni

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ÉDITORIAL

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