AM N°46 Architecture et lumière
« C’est uniquement par la lumière et par le mouvement de la lumière que vivent les formes et que par ellesvit l’espace. Pour que le paysage compte, il faut le limiter, le dimensionner par une décision radicale : boucherles horizons en élevant des murs et ne les révéler, par interruption des murs, qu’en des points stratégiques. » Le Corbusier
Pourquoi un numéro double sur la lumière ? Tout simplement pour mettre en valeur les métiers d’architecte de lumière et d’éclairagiste. L’architecte constructeur apprend à aiguiser son sens de l’observation pour copier au mieux les dispositifs que la nature propose. Mais pour parvenir à des résultats semblables à la lumière naturelle d’un sous-bois, d’une plage sous les tropiques ou des cimes d’une montagne… il faut toucher le coeur ! L’architecte de lumière conseillera pour que, au-delà du fonctionnel, l’espace devienne sculpture. Lumière, couleur, forme, texture… sont des matériaux subjectifs qui feront appel aux substrats de la culture de ce modeleur d’un nouveau genre. Tel un musicien qui improvise sur un thème classique, il choisira ses références selon le contexte, la commande, pour les mettre en accord et tendre vers l’harmonie de l’oeuvre. Il puisera son inspiration dans ses voyages, ses lectures, chez les peintres qu’il aime, les musiciens qu’il écoute. Pour rêver le projet avec son concepteur, il restituera en les sublimant l’ouverture de tel espace, le galbe de tel mur, la profondeur de champ de telle vue, le dégradé de ton de telle couleur, tout cela uniquement par la maîtrise de la lumière. L’architecte constructeur est souvent seul devant sa future création. Tout le long du cheminement conceptuel, il cherchera à faire émerger des sensations tapies au fond de son coeur et ira encore plus loin, vers la chose inédite grâce à ces nouveaux maîtres de la lumière ! Ces professionnels savent gérer le clair et l’obscur, le chaud et le froid, le diffus et le précis. Ils sont recherchés autant dans l’embellissement des villes et des bâtiments, que dans les arts graphiques et les beaux-arts, selon les scénographes, stylistes, graphistes, cinéastes consultés dans ce numéro.
En parlant de lumière avec un spécialiste, le concept est guidé à la fois par l’imaginaire et les contraintes techniques. Heureusement, l’éclairage artificiel a atteint un tel degré de sophistication que les éclairagistes peuvent se targuer de reconstituer parfaitement la lumière du jour. Cependant, le fait d’en apprendre davantage grâce aux recherches, permet de déployer un potentiel infini. La frontière avec l’art est ainsi franchie. La LED est certainement la découverte « lumineuse » de ce siècle, perfectible à souhait, confortant la tendance artistique tout en traquant l’économie. Les éclairagistes sont d’accord et considèrent, dans la maîtrise de cette nouvelle technique, non pas le fait d’y voir clair mais le renouveau des installations électriques, et des ampoules longue durée, de nos cités et de leurs monuments. Guidé par la lumière définie par l’homme de l’art dans les espaces publics, il fera bon de s’asseoir à tel endroit ou ne faire que passer dans tel autre. La nuit, les ténèbres s’effaceront au profit de ces sensations de bien-être et d’émotion positive que procure l’éclairage du patrimoine historique. La question posée est d’ordre émotionnel car la couleur de la lumière, son intensité, sa pertinence, permettent de révéler somptueusement la rue et les bâtiments. Encore faut-il savoir comment accompagner son tracé à tel endroit, relever tel détail, estomper telle maladresse ou célébrer un événement. En commémoration du 11 septembre 2001, sur le Ground Zero à New York, le mémorial lumineux en LED n’a-t-il pas été un bel hommage rendu aux Twin Towers en attendant le projet Libeskind ? Imaginez alors, qu’après chaque inauguration de projet au Maroc, la lumière soit invitée à fêter son lancement. Les citadins baigneraient alors dans la joie de cette information et nourriraient leur imaginaire par la magie de la lumière, dans l’attente de voir leur cadre de vie transformé.
Selma Zerhouni
Sommaire
BIOGRAPHIE
ÉDITORIAL
Architecture et lumière
COUP DE COEUR
Bon, brésilien… et pas kitch ! Selma Zerhouni
CONCOURS
L’art et la politique ne s’épousent-ils pas ?
DÉBAT
Lumière et architecture Touafik El Oufir
Tissage et lumière Soumiya Jalal
La Lumière de la Scénographie Philippe Délis
La lumière et le métier d’illustrateur François Garcia Panzani
Abdelhay Laraki brode de fils de lumière son prochain long métrage Selma Zerhouni
Yahya apprivoise l’ombre portée Selma Zerhouni
Portrait d’un précurseur Mourad Nqibat
L’ère des LED Ou comment généraliser leur utilisation Sarah Zaid
La domotique et l’éclairage Wacel Akalay
L’éclairage électronique Mohamed Amine El Hitmi
Le Plan Lumière – Sa petite histoire et ses philosophies Florence Michel-Guilluy
Rabat, cité lumière ! Asmae Issam
Concepteur lumière : une espèce en voie de création Fouad Akalay
ARCHITECTURE
Le musée de Bank Al-Maghrib – L’image, la couleur, la lumière Florence Michel-Guilluy
La bibliothèque danse avec la lumière à Rabat Fatima-Zahra Omary
Casablanca : Dans son écrin, la lumière de la Médiathèque fuse ! Fatima-Zahra Omary
La place Mohammed VI d’Al Hoceima Sarah Zaïd
Showroom Sharp ou Hyundai, même éclairage ? Asmae Issam
MATERIAUX
Choisissez votre solution d’éclairage selon vos besoins – Le confort visuel au service de l’efficacité Jean-Michel Trouïs
Sunlux, un nouvel éclairagiste au Maroc Karim Iraqi
PATRIMOINE
Journées du Patrimoine : la ville blanche a ouvert ses portes aux visiteurs Nadia Chabaa
Solution audacieuse pour patrimoine en danger Archi Design
ART
Briser la glace Moulim El Aroussi
ETUDIANTS
La lumière pour émouvoir Hanane Bouchtallah
ENVIRONNEMENT
Plaidoyer pour la création du plus grand parc urbain de Casablanca Frederic Bekas
BREVES Nadia Chabaa