AM N°33 Tourisme, architecture et luxe

C’est l’été et beaucoup cèdent à la tentation de visiter notre merveilleux pays. L’effervescence constructive, soutenue par les efforts du gouvernement, marque la volonté politique d’attirer les touristes et a, indéniablement, fait ses preuves.

Désormais nul ne peut dénigrer le tourisme comme fer de lance de l’économie marocaine. Les espaces d’accueil suivent le mouvement et s’engagent dans une compétition qui donne le tournis. Difficile de suivre par l’édition spécialisée la quantité de projets à travers le royaume. Car contrairement à la presse grand public, on ne peut se contenter de l’information brute, il nous faut l’analyser et la présenter dans les détails. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de faire deux numéros suivis sur l’architecture touristique. Celui que vous tenez entre les mains est une sélection de réalisations d’espaces de qualité, voire de luxe. Le prochain portera sur les ensembles touristiques qui respectent les critères de développement durable.

Le luxe est une notion qui répond autant à des exigences de fond que de forme. Sur les questions de fond, le Maroc est prédisposé à accueillir tous les fantasmes de bien-être et d’art de vivre. C’est normal car il bénéficie de vieilles traditions de savoir-vivre que plus d’un artiste ont célébré et plus d’un voyageur ont rapporté.

Jamais les reportages n’ont été aussi nombreux et l’édition aussi prolixe. Jamais la bonne réputation de notre pays n’a été aussi forte et, j’oserais dire, utile. Les traditions d’accueil sont cultivées à travers la moindre bourgade pour le plus grand plaisir des visiteurs. Le rêve devient réalité et la classe marocaine se retrouve partout : dans la nourriture, la manière de recevoir, les vêtements, les mots, la délicatesse des gestes. Comme naturelle ?

Dans la forme, c’est l’architecture l’expression première, la plus visible. Somptueux, les hôtels hors classe défient les imaginaires ! Marrakech est la ville qui abrite les plus grands délires. Rattrapée bientôt par Fès et Tanger, l’architecture et la décoration courent après l’originalité. On dirait que les personnes qui s’expriment dans ces espaces se lâchent, oublient toute retenue et cherchent des territoires inconnus. Mais qu’appelle-t-on luxe ? Où s’arrête cette notion, où commence celle du standing, ou celle du confort ? Si vous prenez de riches Américains nantis, vous les rendez heureux avec une tente dressée en plein désert. Des Allemands ? Pourvu que le confort soit assuré.

Quant aux Français… c’est encore une autre histoire.

Mais voilà, le confort lui-même est en mutation et nous passons du cocooning au hiving dans l’hôtellerie classique. Rien n’est suffisant et vous pouvez aller pratiquer des rituels de « mise en paix avec l’esprit » que ce soit par le feng shui ou les rituels locaux.

Le confort quitte lentement le matérialisme pour rejoindre le bien-être du corps et celui de l’esprit. Mais n’est-ce pas cela la Nezaha traditionnelle accompagnant de musique, de poésie et de bons petits plats les escapades familiales ? Les anciennes façons de vivre le tourisme reviennent au goût du jour. Notre pays voisin, l’Espagne, a fait l’expérience du tourisme de masse sans pouvoir éviter ses dérives: le gaspillage de sites magnifiques, les erreurs urbanistiques et les constructions hideuses. Il s’est, par conséquent, fait voler la vedette par le Maroccan way of life, parce que malgré la pauvreté de ses habitants, ceux-ci ne l’ont jamais abandonné.

Selma Zerhouni

Sommaire

ÉDITORIAL

Tourisme, architecture et luxe

COUP DE COEUR

L’éloge du béton Selma Zerhouni

CONCOURS

La BanK Al Maghrib à Laâyoune

DÉBAT

Standing aux normes ! Abdelmalek Latifi

Plan Azur et Feng shui Michèle Ferréol

La Nezaha d’hier à réhabiliter Mohammed Errachek