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AM N°26 Le tertiaire

Le tertiaire

Meilleure expression aboutie des avancées de l’architecture, les immeubles de bureaux et de services sont en règle générale de belle facture. Notre pays n’échappe pas à la règle. Ces immeubles bénéficient de technologies de pointe en matière de réseaux : téléphonie, vidéophonie, informatique, contrôle d’accès, sécurité, etc. Tous les ingrédients qui feront de ces espaces une machine intelligente y sont injectés. Dans ces édifices high tech, à la pointe des
dernières découvertes, on ne mégote pas sur les moyens. ll s’agit d’allier la fonction à l’esthétique dans un espace voué à valoriser l’ergonomie et à faciliter la fluidité des circulations et des flux d’information. L’espace tertiaire doit être ouvert, suscitant la cordialité dans les relations entre collègues, la transparence dans les activités. Tout le monde dans le domaine des services est important. La hiérarchie est de moins en moins appuyée par des signes apparents dans la disposition spatiale. L’architecte devra poursuivre le même objectif dans sa conception et y apporter la touche de l’artiste en supplément. ll s’attachera à or « démocratiser » les espaces pour que chacun puisse apprécier ce lieu de vie de plus en plus soigné.
Dans le tertiaire, on s’attachera à créer une image de bonne santé de la société qu’elle abrite. C’est par excellence le lieu de règne de l’apparence et de l’étalage des atouts, des performances, des savoir-faire. Voici le degré premier de la création architecturale pour les
bureaux, le fonctionnalisme. Mais la limite est encore plus loin qu’on ne peut le voir a partir du Maroc. On peut même avancer, sans risque de se tromper, qu’aujourd’hui le fonctionnalisme a atteint ses limites. Si, de plus, l’on sait que le tertiaire devient dominant sur le reste des secteurs économiques, il devient urgent d’examiner ces constructions comme une référence qui révélera mieux que tout autre construction à vocation de logements ou autres, les tendances et les courants du monde de l’architecture.

Au MIPIM, (Marché lnternational de la Promotion Immobilière) qui se déroule à Cannes depuis une quinzaine d’années, c’est un véritable show qui est présenté par les promoteurs et les divers exposants professionnels de la filière immobilière. La concurrence est à son
paroxysme et c’est à coup de grands noms d’architectes que les meilleurs décrochent les Awards, comprenez les prix. ll ne s’agit plus de s’adapter aux besoins explicites d’entreprises performantes, non. Il s’agit d’user de cet art majeur que constitue l’architecture comme d’un média à la fois créatif et imposant. Les promoteurs immobiliers entrent en compétition au MlPlM avec de surenchères entre Zaha Hadid et Liebskincl ou encore Renzo Piano. Ces derniers sont là dans ce salon immobilier des plus huppés. Ils viennent soutenir leurs maîtres d’ouvrage en présentant eux-même leur projet respectif. Ces stars incontestées construisent indifféremment à Barcelone, Tokyo, Dubaï ou encore Dublin. Pour eux, la compétition dans la cour des grands doit être soutenue et nul repos n’est possible tant qu’il y aura quelque part sur terre une innovation remarquable, une forme exceptionnelle, un matériau inconnu, d’une consœur ou d’un confrère… Quant aux promoteurs, ils ont compris’qu’en faisant la
cour à ces illuminés d’architectes inspirés, ils parviennent à dépasser leurs objectifs de rentabilité. Ils arrivent à convaincre de mieux exploiter les terrains en faisant fi des règles d’intégration urbaine (qu’elles soient volumétriques ou identitaires). Les collectivités locales de ces pays sont tellement fières d’avoir des artistes de cette envergure qui marquent le paysage de leurs cités qu’elles sont prêtes à réorienter les réglementations en fonction de l’oeuvre d’art.
Au Maroc, nous sommes encore dans l’été du règne de l’architecture réglementaire, celle qui fige l’inspiration aux limites des règles de prospects urbains. L’art. les artistes. ne sont pas reconnus. Ils sont relégués à un second rôle et souffrent du dénigrement et du manque
d’intérêt par rapport a leur travail. Les architectes nationaux ont du talent. Les meilleurs d’entre eux sont souvent réduits à quémander du travail alors que les maîtres d’ouvrage astucieux devraient les pousser à exprimer le maximum de leurs idées, aussi farfelues
qu’elles semblent être. Pourvu qu’ils soient estimés dans ce qu’ils savent faire le mieux, créer de beaux bâtiments, nos architectes peuvent affronter dignement le 3° millénaire.

Selma Zerhouni

Sommaire

ÉDITORIAL

Le tertiaire

ACTUALITÉS

La villa Roselio

CONCOURS

Un repère urbain à Tamansourt

DÉBAT

Evolution des aménagements de bureaux par Guy Eberhardt

Un fonds d’investissement immobilier généraliste, une première au Maroc par Rachid Alami

Casablanca, ville tertiaire par Selma Zerhouni

Ville rentable ville corvéable par Mostafa Chebbak

ARCHITECTURE

Le siège des Ciments du Marne, une architecture policée par Nadia Jebrou

Un double mixte pour une mondialisation attendue par Selma Zerhouni

Les tours Balzac, un vrai bâtiment de Casablanca par Bouchra El Fares

L’architecture au service de trois administrations modernes par Nadia Jebrou

ART

Saâd Hassani, un artiste à Casablanca par Mostafa Nissabouri

ENVIRONNEMENT Ei PATRIMOINE

Ville durable et agriculture urbaine, une voie pour l’aménagement des villes nouvelles par Mehdi El Moumni

ESPACE ÉTUDIANT

Pour un pôle unique de formation des métiers de l’architecture à l’ENA par El Montacir Bensaid

« Le Maroc Avenir » un concours inédit

BRÈVES

POÈME