AM N°9 Architecture et métiers d’arts

Les architectes nationaux sont attendus. Grâce aux logements pour le plus grand nombre prévus par le gouvernement et aux nouveaux pouvoirs qui leurs sont conférés, ces derniers n’ont plus aucune excuse. La politique adéquate est là, installée avec des jalons pour une prospérité socio-économique nationale à inventer par tous. Il ne reste plus qu’à mettre les bouchées doubles pour imposer dans le paysage de nos villes, une image qui nous appartient, une architecture pensée et construite aujourd’hui, pour les usagers de demain. Pour faire le succès d’une démarche novatrice, il est question de lancer les passerelles entre architectes, designer et artisans mais comment puiser dans les métiers d’art traditionnels pour construire un avenir prometteur à l’architecture contemporaine ?

Depuis plus d’un demi-siècle, cette question est posée aux architectes nationaux. Elle se déguise souvent en choix identitaire et anime un débat interminable et rébarbatif qui pose la tradition comme le contraire de la modernité. L’angélique authenticité est définie par les signes manifestes de maintien de traditionels des formes et matériaux (arcs, tuiles, zelliges, etc.). La machiavélique modernité est exprimée par les murs-rideaux clinquants ou les façades hight-tech accusées d’être le défouloir de technologies étrangères…

Une chose est sûre. Les architectes n’ont pas encore trouvé le chaînon manquant entre le savoir faire artisanal et l’architecture professionnelle. Ils préfèrent entrer en guerre contre les signes rétrogrades ou réfuter l’architecture spectacle, dans des débats de salon. En attendant, ils risquent de rater le train de la réflexion sur le processus déjà en marche : celui de la modernisation et du développement des métiers d’art locaux. Pourtant l’approche créative est encore à inventer. Elle est sûrement libératrice pour un mode de production et des idées nouvelles.

Car depuis le fiasco dans les années 80 de l’intégration des règles esthétiques identitaires dans l’architecture, les pouvoirs publics ont compris que la solution n’est assurément pas formelle ou décorative. Chacun veut s’ouvrir au monde, tout en profitant de la richesse patrimoniale dans laquelle il a grandi et exporter les matériaux et les savoir-faire marocains. Mais un énorme travail reste à faire pour éviter le racolage et pastiche. Le travail sur les idées et les concepts, mais aussi sur l’organisation de la production et les mécanismes efficients pour répondre aux commandes plus que probables. Ces commandes nécessitent de sortir les métiers d’art de leurs marasmes, et d’agir sur un mode de production devenu obsolète, par son fonctionnement : l’artisanat. Les métiers d’art marocains doivent donc bouger et devenir dynamiques, répondre aux délais et réguler la qualité en maîtrisant le travail en série.

Mais n’est-ce pas là les problématiques du design ?

Selma Zerhouni

Sommaire

ÉDITORIAL

Architecture et métiers d’art

ACTUALITÉS

Un siège pour deux par Khaddouj Zerhouani

DÉBAT

Apports et limites des arts musulmans dans les métiers d’art par Larbi Amhamdi

Les métiers d’art au fil des jours propos recueillis par Geneviève Nouhaud et Khaddouj Zerhouani

Maâlmines du Sud, de la tradition à l’art d’aéroport par Salima Naji

Vers un enseignement du Design à l’ENA par Abderrahmane Chorfi