AM N°8 Espaces & lieux de cultures

Si l’on considère que les espaces de culture ne peuvent être appréhendés sans tenir compte de leur fonctionnement et de leur gestion, du point de vue de leur destination et de leur usage, on peut dire que la liste se restreint considérablement. Dans ce numéro, on saluera l’action du mécénat d’entreprise dans la diffusion culturelle au Maroc. Convaincue que grâce à cette société civile, à ces fondations, à ces associations, la culture est et sera admirablement défendue par des hommes et des femmes à la fois motivés et passionnés. Quoique élitistes, les lieux qu’on vous propose de découvrir, sont fréquentés par un public d’initiés, alors que ces derniers étaient pendant longtemps, uniquement attirés par les centres culturels étrangers et surtout français. Ces démarches nationales privées sont admirables et parviennent à la fois à financer et à offrir aux usagers émerveillement et découverte, parfois même de l’émotion esthétique. Et, cerise sur le gâteau, ces citoyens restaurent et entretiennent des monuments historiques… Mais n’est-ce-pas là un rôle qui incombe à l’Etat ? Peut-être. Mais le rôle d’animateur culturel semble être mieux assumé aujourd’hui par la société civile que par le public. Et si nous sommes en droit d’espérer du nouveau grâce aux équipements d’envergure projetés (Bibliothèque Nationale, Musée d’art contemporain, centre d’art chorégraphique, etc.), il n’en reste pas moins que le passé nous enseigne à nous méfier et à attendre la réalisation de ces projets avant de crier victoire. Car, à l’exemple de l’Espagne (Gugunheim de Bilbao), ou de l’Egypte (bibliothèque d’Alexandrie), le Maroc a déjà investi dans l’architecture comme médiateur symbolique. Il prépare aujourd’hui ses monuments de demain. Mais comment réconcilier l’usage avec l’espace sans reproduire les mêmes erreurs ? Si l’on en croit les projets d’architecture qui vont se construire, le ton est donné et la vision politique du développement culturel ne peut être que « moderne » et résolument contemporaine. Alors, vu ces constructions des années 80 qui portent pompeusement le nom de « centres culturels communaux ». Depuis plus de vingt ans, ces espaces ont été de simples réceptacles mis à la disposition d’initiatives individuelles. Beaucoup sont fermés ou réservés à un autre usage. Ceux qui accueillent des animations, le font au coup par coup, sans objectif clair ni budget, ni programmation. Mais la plus affligeante des actions communales reste la réalisation des théâtres. On en a vu émerger des théâtres, et dans toutes les villes ! Que ça soit à Marrakech, à Fès, à Casablanca, à El Jadida, à Mohammedia, ils investissent des sites privilégiés et ont englouti des sommes faramineuses. Malgré le luxe tapageur qui les caractérise, le manque de budget de fonctionnement les transforme rapidement en ruines. D’ailleurs parmi ces réalisations, quelques-unes ont été équipées à grands frais avant d’être fermées au public. Peut-on encore légitimement les qualifier de théâtres ? Non, nous répond Jean-Pierre Le Dantec, car pour lui, « l’architecture n’est pas un art libre qui peut congédier l’usage ». Et malgré des exceptions comme le centre culturel de Moulay Rachid à Casablanca, on peut légitimement se poser la question : les collectivités locales ont-elles réellement et de façon intelligible, la vocation à monter un quelconque projet culturel ?

Selma Zerhouni

Sommaire

ÉDITORIAL

Espaces et lieux de culture

ACTUALITÉS

Le patrimoine au service du développement culturel par Khaddouj Zerhouani

Colloque international, métiers d’art, design et patrimoine par Mohame Saâd

Résultats du Concours de la Régie des Tabacs par Khaddouj Zerhouani

Résultats du Concours de la Caisse Marocaine des Retraites par Khaddouj Zerhouani

DÉBAT

Galeriste, une passion intellectuelle par Khaddouj Zerhouani

Une nouvelle approche pour le mécénat au Maroc par Farid Britel