AM N°7 Les concours au Maroc
Malgré les nombreux concours lancés par les pouvoirs publics, la morosité des architectes persiste, pire la contestation monte et un syndicat se constitue.
Pourquoi ?
C’est qu’ils sont méfiants et désabusés. Les années 80 ont été une période noire durant laquelle des concours-alibi ont été lancés, donnant lieu à des « pétards mouillés » sans suite et sans réalisation effective du projet. D’autres ont primés des lauréats pour ensuite les écarter. Et combien de promoteurs privés ont pris la relève pour faire des concours pipés qui ne faisaient que conforter les idées de l’architecte choisi !
Mais les années 90 étaient plus terribles encore. Les architectes nationaux étaient tout simplement dessaisis des grands projets publics tels les plans d’aménagement et les préfectures, pour être confié à des étrangers, d’une complaisance ahurissante. Une humiliation dont certains ont encore du mal à se relever.
Aujourd’hui, l’engouement pour les concours de constructions publiques est d’un ordre exceptionnel. C’est un signe à la fois économique, civique et pédagogique. Cela veut dire que le maître d’ouvrage public veut débusquer des talents, cherche à démocratiser la commande et à utiliser l’argent de l’Etat de façon efficiente. De plus, les promoteurs privés, peuvent en profiter pour s’adresser aux meilleurs.
Comme jamais, l’Etat lance des concours nationaux passionnants, aux programmes bien ficelés, qui feraient pâlir de jalousie le vieux continent. Une bibliothèque nationale, un musée Royal du patrimoine et des civilisations, des sièges administratifs (ANHI, CMR),des Ministères (Finance), l’aménagement des rives du Bou Regreg…
Des projets d’envergure, à la fois alléchants matériellement, et exceptionnels puisqu’on ne les construira qu’une fois. De plus les jurys sont sélectionnés, l’organisation est impeccable et de nombreux cabinets puisent l’espoir de voir leurs réputation installée grâce au concours. D’ailleurs certains noms apparaissent, d’autres font la une des journeaux comme le désormais célèbre Rachid Andaloussi.
Les architectes savent que leur talent ne sera découvert qu’au prix de nombreuses et épuisantes compétitions. Ils s’y mettent volontiers « à la charrette », pour reconduire une tradition du métier. Bref, certains ingrédients sont là pour que l’étincelle jaillisse et que de grandes oeuvres architecturales surgissent. Mais il reste encore à faire en matière de lenteur administrative et on déplore qu’à l’heure où nous mettons sous presse, les résultats du très couru concours du Musée Royal du Patrimoine et des Civilisations ne soient pas encore rendus publics.
Les années 2000 auront peut être vu la reconnaissance de la portée symbolique de l’architecture publique mais on n’assistera pas immédiatement à la réalisation de cet immense chantier.
Selma Zerhouni
Sommaire
ÉDITORIAL
Les concours publics à la recherche de compétences
DÉBAT
La commande architecturale publique doit-elle passer par des concours ? par Ahmed Hajji
Programme sous traité pour concours national par Philippe Délis
Qu’est-ce qu’un programmiste ? par Charaf Eddine Berrada
Aux yeux du monde par Amine Cheddadi
Les concours d’architecture par Khalid Mikou
Le premier concours d’idées de la jeune architecture par Marwan Seddik
ACTUALITÉS
Le bois dans tous ses états par Selma Zerhouni
ARCHITECTURE
Salle couverte à Taza par Mountassir Ilyassa
Le Concours d’Architecture Nouvelle pour l’Habitat Social : «les CANHS» par Khaddouj Zerhouani
Le projet lauréat de la Bibliothèque Nationale par Jalila Kadiri et Monia El Fares
Exposition universelle «Hanovre 2000»
Stand du Maroc par Jamal Lamiri Alaoui et Abdelrhani Fenjiro
Rachid El Andaloussi remporte le concours du siège du Ministère de l’Economie et des Finances par Nadia Jebrou Guedira
Yasser Kahlaoui gagne un concours à Paris par Yasser Kahlaoui
Palm Bay à Agadir par Abdelrhani Fenjiro
ART
«Certitudes Vécues» par Geneviève Nouhaud
Tàpies ou la chair du sens par Mohammed Kacimi
Les tableaux de Jacques Majorelle restaurés par Oum El GhaÏt Bensahraoui
ENVIRONNEMENT
Le week-end du patrimoine à Casablanca par Nadia Jebrou Guédira
Casablanca : patrimoine architectural et défi urbain par Gérard Monnier
Le patrimoine du XXe siècle en France par Selma Zerhouni
ESPACE ETUDIANT
Un premier rendez-vous par Mohamed Saâd
Gros plan sur l’Ecole Nationale d’Architecture par Marouane Ghanimi
BRÈVES
CHRONIQUE
Fureur au bord du monde par Mostafa Nissabouri