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AM N°4 Centre / Espaces de bureau

L’espace de bureaux ne peut être anodin. ll doit donner le tempo, lancer la  mode, définir les tendances. les technologies modernes, dessiner les contours d’une projection dans le futur. La façade des bureaux agit à la fois sur le plan Symbolique et sur le plan économique. Au Maroc, plus qu’ailleurs, c’est le bâtiment tertiaire qui infléchit les tendances de l’architecture contemporaine et influence le monde de l’entreprise. Il se réalise avec des enveloppes budgétaires conséquentes, et se développe autour d’un même amour, celui de l’image. Autant pour le commanditaire que pour l’architecte. Or, nous sommes plus que jamais condamnés à conjuguer logement et bâtiment tertiaire dans notre société urbaine. Il semble donc opportun de s’attarder sur les attitudes créatives envers les espaces de bureaux. Ce numéro de AM en a prélevées trois importantes, le libre-arbitre, le simulacre de modernité, et l’exercice de civisme.

La démarche du commanditaire-prince et du concepteur-élu, imprègne les usages et les passants et installe dans le paysage urbain des œuvres incontestables, qui défendent une identité propre, qu’elles aient été conçues par conviction sincère ou calcul marketing. Le couple use de sa force et de sa puissance et agit en solitaire sur sa parcelle. C’est ainsi que dans les années 60 nous avons eu le célèbre couple J.F. Zevaco-M. Zniber (MäfUC-ÏHJIÏFHH‘) puis le couple A. Lazrak-A. Alami (sièges et etgenms BCM), et plus récemment, P. -A. Lazrak lquartier‘ d’affaires de Sidi Maaroul}.

La deuxième démarche importe de l’occident à la fois le concept et la technologie. L’entreprise se crée un look ‘a travers des matériaux ou reprend à la lettre des besoins repérés ailleurs. Par exemple, en 1950, la Lever House de Gordon Bunshaft, de chez Skidmore, Owing 8: Merril à New-York, offrait comme solution architecturale une assise contenant boutiques, restaurants, parking et équipements techniques. sur laquelle viennent s’implanter des tours de bureaux exactement comme les Twin de Casablanca en 1990.

Quant au troisième fonctionnement, il s’étale à la fois dans le temps et sur le parcellaire. Il est prévoyant. Les carences en équipements, en parking sont évitées. La vocation par quartier est définie. La cohérence est recherchée… mais tarde à se réaliser. C’est le cas de Hay Riad à Rabat, dont la problématique globale est posée. les solutions envisagées, pour une ville nouvelle où sont prévus des bureaux, des
commerces, des logements en parfaite harmonie. Le règne du marketing cède à celui du civisme mais se réalise mollement. Surtout lorsqu’un même groupe d’auteurs est censé définir les besoins et concevoir de façon chorale.

On en vient à se demander quoi choisir, être pris en otage par une architecture maîtresse des lieux et toute puissante. reconduire aveuglément l’inspiration des pays dominants, ou tracer le futur de nos villes en décalage.

En tout cas, pour l’instant, nous ne distinguons à travers toutes ces démarches, que le reflet narcissique des architectes dans de malheureux murs-rideaux.

Selma Zerhouni

Sommaire

DÉBAT

Entretien avec Driss Benhima par Selma Zerhouni

Le tramway une solution pour Casablanca par Nadia Jebrou Guedira

Main basse sur la Ville par Mohamed Jibril

ARCHITECTURE

Casablanca Twin Center par Philippe Rivière

Le Centre d’affaires de Hay Riad par Oum El Ghaït Bensarhaoui

Eqdom, une architecture identifiable par Slama El Kadiri

Siège de la BMCI, Marrakech par Oum El Ghaït Bensarhaoui

CBI, une dualité dans l’unité par Slama El Kadiri

Identité visuelle et aménagement de bureaux par Monia El Fares

ART

Une expérience donnée à visiter par Geneviève Nouhaud

Saint-Genet par Abderrahim Sijelmassi

Marc Lacroix. photographe par Slama El Kadiri

Cinéma Liberté par Geneviève Nouhaud

ENVIRONNEMENT

Asphyxie du parc de |’Ermitage par Florence Renault-Darsi

Architecture 8: Développement par Sophie Gress

Aït lktel : Prix Aga Khan 2001 par Monia El Fares

BRÈVES

POÈME

Les 7 vagues par Mostafa Nissabouri