LE BIM Une approche conceptuelle signée ROBOBAT
AM : Qu’est-ce que le BIM ?
Soufiane Smaili DG de ROBOBAT : C’est la Modélisation des Données du Bâtiment. C’est un process intégré et complet qui permet aux professionnels d’explorer les caractéristiques fonctionnelles et physiques d’un projet de manière numérique, avant qu’il ne soit construit, nous pouvons l’expliquer par un concept de maquette ou prototype numérique.
Le BIM n’est pas lié à un logiciel qui serait utilisé pour créer le modèle; il s’agit des process qui sont exploitables grâce à l’intelligence contenue dans le modèle. Le BIM, c’est la capacité de créer des informations et des documentations de conception numériques coordonnées d’un projet de sa conception à sa construction et sa mise en œuvre. Le BIM contribue à faire d’un concept architectural une réalité.
AM : En quoi la modélisation est intéressante pour améliorer une conception ?
S.S : Avant le BIM le dessin est au centre des préoccupations des logiciels, aujourd’hui avec le BIM c’est le projet qui est au centre des préoccupations des logiciels. Pour cela, la conception passe par le principe de la modélisation qui reste une étape dans le process BIM. Ce dernier prend en charge la construction des documents graphiques, permet de produire de multiples documents et un travail collaboratif efficace. Par la modélisation nous pouvons réaliser des calculs de structure, thermique, électrique et simulation sismique etc… tout cela pour favoriser les échanges d’informations entre l’architecture, la structure et l’ingénierie.
AM : Comment les techniques de développement durables peuvent s’intégrer d’emblée ?
S.S :Grâce au concept BIM, nous pouvons concevoir, analyser, visualiser, simuler et gérer. Cela permet de travailler en amont pour simuler les consommations énergétiques, d’eau et de carbone de visualiser l’impact de facteurs environnementaux tels que le soleil, les ombres, la lumière naturelle et le vent et rapidement et précisément estimer les performances énergétiques de bâtiments.
AM : Vous considérez que le BIM deviendra indispensable pour tout projet de construction dans le futur, Pourquoi ?
S.S :Les défis pour l’AEC (Architecture, Engeniering, Construction) sont nombreux, les nouvelles technologies aident à résoudre ces défis au travers de l’évolution de la modélisation des données du bâtiment, le BIM.
Le premier défi est celui des changements climatiques, le secteur de l’AEC est assurément en première ligne. En effet, la construction compte pour 30 à 40 % de l’utilisation d’énergie globale. Nous avons donc l’obligation de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire ce chiffre et également de construire des structures capable de résister. La modélisation des données du bâtiment peut permettre d’étudier le comportement d’un bâtiment en cas de tremblement de terre ou de toute autre catastrophe.
Le deuxième défi est que de nombreuses régions sont confrontées à une croissance significative de leur population urbaine, alors que la population rurale stagne ou baisse. Cette urbanisation est à l’origine d’une augmentation de la demande en construction ou rénovation de bâtiments ainsi qu’en infrastructures. En effet, il est nécessaire de redévelopper les routes, ponts et chemins de fer pour faire face aux nouveaux besoins d’une population toujours plus nombreuse.
Un des derniers défis est la productivité. La concurrence plus forte tend à réduire les marges, ce qui oblige à augmenter à produire toujours plus avec des coûts de des délais toujours plus serré.
Si nous mettons tout cela ensemble, les changements climatiques, l’urbanisation et les infrastructures et le besoin d’améliorer constamment la productivité, nous obtenons un secteur sous pression, obligé de changer et de s’adapter.
Aujourd’hui c’est par le BIM que ces défis vont trouver une réponse. Mais le BIM lui-même évolue : aujourd’hui, en plus de nous permettre de visualiser nos conceptions, il est passé à un stade encore plus avancé. Désormais, on peut aussi simuler et analyser les performances et les coûts des conceptions, les quantités, et étudier l’impact environnemental du bâtiment.
Ainsi le BIM peut aider à livrer des projets plus rapidement et à moindre coût.
AM : A tout vouloir gérer on réduit la créativité. Pensez-vous que la liberté conceptuelle des architectes sera préservée après l’utilisation du BIM ?
S.S : Avec le BIM, les Architectes se détachent de la problématique de production pour se concentrer sur la conception des premiers instants. Ils auront un intérêt croissant pour la conception de géométries complexes et expressives ce qu’il leur permettra de maintenir leur créativité. Le BIM aide les architectes à aller beaucoup plus loin, la mise en application de leur créativité dépendra du choix de la solution logicielle.