Restaurant KHOS, cuisine citadine
C’est l’une des premières œuvres d’un jeune architecte revenu s’installer dans son pays après une solide expérience à l’étranger. Appartenant à une génération qui n’hésite pas à bousculer les codes traditionnels, Yachar Bouhaya a aménagé avec minutie cet espace dont l’originalité est en soi une promesse.
KHOS est situé au cœur du quartier Alsace-Lorraine, dans un immeuble récemment achevé qui s’élève à la place d’un immeuble historique. Le lien avec un passé révolu devient un concept, conçu comme une rétrospective, certes modeste, du temps où ce quartier connut son heure de gloire.
Le projet s’est ainsi construit autour d’un design des années 70 : chaises d’écolier en Formica style années 70, les suspensions scandinaves colorées, carreaux de ciment vintage, habillage en Formica, tabourets chinés… La cuisine habillée de tôle bleu Sarcelle participe à la fête.
Yachar Bouhaya est diplômé de l’Ecole Spéciale d’Architecture à Paris et vient de revenir au pays pour créer son agence. Il rapporte dans son bagage une solide expérience dans des agences réputées où l’on apprend à maîtriser l’exigence du rendu et des plans.
A l’évidence, il pense et fonctionne dans le cadre d’une architecture mondialisée à qui l’on demande dans le secteur du commerce et la restauration de créer des atmosphères bien ancrées dans les tendances du moment. L’univers qu’il propose, presque incongru, semble par ses transparences et ses couleurs en rupture avec le quartier, animé certes, mais comme tout le centre historique aujourd’hui passablement défraîchi. L’espace est ouvert sur l’extérieur, fonctionne comme une vitrine et donne à voir mais aussi invite à rentrer. Un concept totalement inhabituel au Maroc. La pudeur y est de mise, on ne se montre pas en train de prendre un repas. Pourtant, l’espace fonctionne, l’atmosphère y est calme, simple, bon enfant. C’est un refuge pratique, sans bling bling, à la pause déjeuner. La nourriture est saine à base de produits frais, faits maison, tout comme le décor contribue à le garantir. Quelques mois après son ouverture, le restaurant a déjà ses habitués.
Florence MICHEL-GUILLUY