AM N°59 Faire la ville dans le sud
Après le Nord et l’Oriental, il était logique que la revue AM se focalise sur la région du Sud, respectant ainsi la trilogie des régions émergentes du Royaume. Mais, ce choix a été encouragé par l’Agence du Sud qui nous a ouvert ses portes et offert ses conseils. Nous avons donc pu apprécier la beauté et la richesse de l’architecture contemporaine dans la partie saharienne en débordant, il est vrai, les limites territoriales administratives. Il faut dire que la créativité se propage en contamination positive, apportant des inspirations variées aux architectes.
À Dakhla, Lamhiriz, Es-semara, Aftiesset, Tarfaya et Assa, ce ne sont plus les histoires de Saint-Exupéry qu’on vous raconte ici, mais de nombreux projets qu’on vous présente. À Guelmime, Taghazout, Taroudant, jusqu’au sud d’Agadir, c’est l’urbanisation qui est en marche. Nos lecteurs peuvent ainsi appréhender la nouvelle vision du monde de la construction à travers des réalisations et des concepts novateurs. Le rêve de la « tabula rasa » auquel tout créateur aspire est enfin possible et peut marquer le paysage de traits fondamentaux de la nouvelle ère. D’ailleurs, le respect de l’environnement et la construction écologique ne sont plus une utopie, mais un engagement constant.
Hormis l’habitat de masse qui demeure la bête noire des politiques urbaines, car il reconduit les mêmes faiblesses à travers tout le Royaume, les équipements participent à une transformation remarquable du paysage. Sous la houlette de l’Agence de Promotion et de Développement des Provinces du Sud et de ses partenaires, des villages de pêcheurs, des gares routières, des aérogares, des écoles, des centres artisanaux et des salles de sports accompagnent une dynamique économique énergique.
On dirait qu’au Sud, le temps de fabrication de la ville s’est contracté.
Le retour effectué par l’équipe d’AM sur la région saharienne après une dizaine d’années (pour son numéro 12) est fortement symbolique. En effet, ce numéro boucle une période de la revue qui change de formule et de maison d’édition. On a donc vu les quelques projets d’alors se muer en évolution urbaine effective, parfois spectaculaire. Malgré les complexités sociopolitiques de la zone, le Sud a réussi à exprimer une identité propre dans une diversité fabuleuse.
Parmi les grands chantiers du Maroc saharien, le fameux concours sur le musée de Dakhla lancé par l’Agence du Sud a connu un réel engouement auprès des architectes nationaux. Ils étaient 64 à retirer le dossier. Vous admirerez en exclusivité le talent des lauréats dans nos rubriques. Ce projet constitue le point de départ d’un réseau muséal que veut entreprendre le maître d’ouvrage à travers le Sahara. Une belle initiative que nous saluons en lui consacrant plus de pages qu’à notre habitude pour mettre à l’honneur les prémices de cette nouvelle tendance. Celle qui consiste à pérenniser la culture du lieu par l’architecture, mais aussi par des expositions, de beaux livres et des mises en lumière de sites à découvrir et à apprécier, encore.
Selma Zerhouni