Casablanca Marina
En décembre 2007, les ateliers de Yves Lion à Paris ont reçu comme mission la coordination de l’urbanisme et de l’architecture du site actuel de la Marina. François Leclerc, Transsolar Klimaengeneering et Citec ont planché sur un plan guide. Le maitre d’ouvrage Al Manar, du groupe CDG Aménageur CGI, a pu se faire une vision claire. Il fallait transformer une avancée sur la mer très critiquée pour son coût de reviens, en un quartier élitiste mais inclusif, pour des Casablancais fortunés. Après cela, des architectes nationaux ont pris la relève pour construire pour la première fois dans leurs pays des IGH (Immeubles à grandes hauteurs). Nous vous présentons quelques tours en cours de construction signées par des architectes qui nous ont fait confiance, comme Aziz Lazrak, Omar Alaoui et groupe 3, Abderrahim Sijelmassi…
L’on se souvient tous du port, du chantier naval, de la Médina, de la grande caserne de la Marine, de la Grande Mosquée et de l’océan hostile. La Corniche de Casablanca vivait la nuit ou bien s’animait le jour en été pour des activités de loisirs autour des plages.
Cette « opportunité foncière » a été offerte par le fameux projet de l’Avenue Royale qui avait prévu une péréquation entre le relogement des habitants du site à Nassim et l’édification d’un projet haut standing à cet endroit. Le développement du front de mer de Casablanca devenant une nécessité, il fallait raccorder le quartier pour prolonger l’avenue des FAR tout en anticipant l’avenir et en gérant les espaces publics.
C’est dans ce contexte que la Marina est née. Elle comportera un port de plaisance et un programme d’équipements importants organisé autour d’un centre commercial, un Palais des Congrès, des hôtels, un aquarium, des bureaux et bien sûr des logements de luxe.
Face à la mer, la métropole profitera du maximum de hauteurs possibles, de manière à dégager l’espace piétonnier au sol, à offrir des parkings suffisants et à obtenir des immeubles de caractère.
C’est ainsi que le projet de « Marina » a initié, bien avant le Morocco Mall, Sindibad et Anfa Place, une nouvelle approche avec une mixité d’usages, pour établir une relation explicite ville-océan.
Jardins publics, promenade de la corniche, protection contre les embruns, raccordement avec la Médina malgré les boulevards Sidi Mohammed Ben Abdallah et des Almohades, l’urbanisme futur prend pour point de départ l’espace public.
La Marina devait aussi tenir compte de l’urbanisation autour de la Grande Mosquée, des installations militaires en plus de la présence prégnante de la Médina sur 20% du linéaire du boulevard.
Tout un dispositif de mise en perspective et d’ouverture s’est inscrit dans la structure paysagère et urbaine projetée où la Médina se retrouve en première ligne. Dans ce nouveau rapport à la mer, l’intégration de la circulation dans un espace urbain maîtrisé permet d’accrocher le site à la ville tout en offrant les parkings nécessaires et le transport en site propre. Des parkings en sous-sol à mutualiser entre la mosquée, la médina et les futurs visiteurs. L’ensemble du quartier est conçu de façon à être au maximum piéton, d’où par la suite un travail sensible d’organisation des différents îlots d’habitats et d’activités en rapport à leurs accès véhicules. Il faut noter ici que la grande linéarité du terrain est très favorable à l’étalement des parkings et de leurs accès.
Le quartier ne sera pas introverti comme le futur ANFA érigé par l’AUDA, au contraire. Il sera ouvert sur la ville et l’océan grâce au centre commercial, palais des congrès, centre d’affaires, qui entretiendront une véritable synergie entre la relation habitat-travail. Pour optimiser les conditions du développement durable, des échanges énergétiques sont possibles entre les différents types d’immeubles ainsi que l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, tant dans l’espace public que dans ses parties privées, et la protection contre le vent. Mais ce nouveau quartier ne doit pas constituer une barrière qui empêcherait la ventilation de la ville lors des périodes chaudes. C’est pourquoi, sur le front de mer, les bâtiments de l’architecte Sijelmassi ont privilégié une orientation de leur volumétrie perpendiculaire à la mer, afin de ne pas fabriquer une résistance au vent trop importante, mais tout en conservant un maximum de vues sur l’océan.
Et si un tissu urbain élaboré ne peut se contraindre à un urbanisme règlementaire, il semble que l’AUC (Agence Urbaine de Casablanca) a bien compris que l’urbanisme de projet offre des bâtiments de qualité qui profitent à la métropole.
Selma Zerhouni
Intitulé du projet : Projet Marina
Maître d’ouvrage : Al Manar – CGI
Situation du projet : Marina, Casablanca
Date de début des travaux : 2010
Date de fin des travaux : 2013
Programme : Commerces, résidences,port de plaisance, équipements, Palais des Congrès, hôtels, aquarium, bureaux et logements de luxe.